#REPATSTORIES : JEAN-PATRICK EHOUMAN, AU SERVICE DU WEB

Jean Patrick Ehouman

Chez certains peuples Akan en Côte d’Ivoire, Akendewa (souvent appelée Kakou Ananzê) est une araignée à forme humaine. Très présente dans de nombreux contes Africains, elle est l’héroïne qui sauve le village et qui résout les problèmes autour d’elle sans qu’on ne le sache. Elle transmet des valeurs de cohésion et de partage, sur lesquelles une association ivoirienne base aujourd’hui sa philosophie pour promouvoir l’écosystème Tech en Côte d’Ivoire, à travers une communauté de passionnés du web. Son Président Jean Patrick Ehouman, qui a fait ses armes chez Intel, AOL ou encore Cap Gemini a reçu une formation d’architecte en logiciels. Nous sommes en 2006. Apple et Android n’existent pas encore, et personne ne se doute de l’impact qu’auront les nouvelles technologies dans les usages quotidiens. Jean Patrick est donc une perle rare, un expert qui, de fil en aiguille, ressentira le besoin de partager son savoir et ses connaissances en Tech. Il finit donc par créer avec des amis Akendewa. A 35 ans, le jeune homme a un CV long comme deux bras : Président du programme She Is The Code, il est aussi Co-directeur de Founder Institute en Côte d’Ivoire, et chef d’entreprise. Il est installé en Côte d’Ivoire depuis 2014.

INTERNET ET LES IVOIRIENS

Ce n’est plus un secret pour personne, les africains sont de grands consommateurs d’Internet via leur mobile. Pourtant, le taux de pénétration d’Internet en Afrique reste très bas[1], malgré la prolifération d’initiatives liées aux nouvelles technologies. Il semble donc y avoir un gap entre la réalité et les solutions mises en place. Mais Jean Patrick Ehouman n’y voit aucun problème : « Le manque d’infrastructures ne doit pas représenter un frein à l’innovation. En CIV il y’a environ 5 millions de personnes qui sont connectées. Dans nos villes et dans nos campagnes, lorsqu’une personne a accès à internet, elle représente un relai d’information pour les autres. Au quartier, c’est celui qui a accès à Internet qui va souvent faire le résumé des résultats des matchs à ceux qui n’ont pas vu le match. Ce qui signifie finalement qu’il n’a pas de discontinuité de l’information. »

Et les exemples peuvent être nombreux pour prouver qu’il n’y a pas de discontinuité de l’information. Avec l’application CIV Social, le jeune homme nous explique que la plupart des gens qui avaient été sauvés n’étaient pas connectés à Internet. Par ailleurs, l’association a mené un projet de formation et d’autonomisation des femmes dans le domaine des nouvelles technologies : 2300 candidates se sont présentées, et 25% d’entre elles ont reçu l’information uniquement par du bouche-à-oreille. 72% d’entre elles ont été recrutées suite à la formation et exercent désormais un métier dans les Tech, dans un pays où les outils et les infrastructures ne sont pas démocratisées.

Aujourd’hui, Jean Patrick Ehouman souhaite faire passer un seul message : « créons des solutions adaptées à nos réalités locales, qui ont un impact au sein de la communauté ». Il nous conseille aussi de bien prendre le temps d’analyser notre environnement et nos usages : « 83% des internautes ivoiriens sont sur Facebook. Cette information est très précieuse pour tout ce qui veulent faire du business, notamment en ligne. Parfois, il n’est même pas utile de faire de la pub hors Facebook car les personnes les plus influentes sur Facebook sont d’importants relais dans les quartiers. »

Découvrez le portrait complet de Jean Patrick Ehouman en page 20 de votre magazine

 

[1] 10,84% en Afrique Subsaharienne en 2014, selon le Rapport Mondial de Développement 2016 de la Banque Mondiale

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