Hilda BACI, pour peu que vous vous soyez connecté sur Instagram, Facebook, Twitter ou même LinkedIn ces derniers jours, c’est un nom que vous avez dû apercevoir un peu partout.
Tout d’abord, remontons le temps en 1950. Au moment où, Sir Hugh Beaver directeur général de la brasserie Guinness et ses partenaires de chasse, n’arrivent pas à s’entendre sur le gibier à plume le plus rapide d’Europe en pleine partie de chasse dans le comté de Wexford. Chacun émettra sa petite hypothèse, mais aucune ne sera confirmée par un ouvrage digne de ce nom. Arrêtons-nous ensuite en 1954, lorsque les jumeaux Norris, et Ross McWhirter tous chercheurs à Fleet Street –la rue qui fut célèbre car elle abritait le siège des principaux journaux anglais– sont réunis par le même Sir Hugh Beaver, pour concevoir un livre à base de faits et de chiffres qui permettra de trancher toutes ces discussions interminables qui animent les pubs irlandais tard le soir.
Le principe est simple, si vous faites quelque chose de remarquable, votre nom et votre exploit seront inscrit dans le livre des records. Dès le départ, aucune compensation financière n’est prévue pour les recordman. Le seul plaisir que ceux-ci en tirent étant d’y figurer, et d’être des sujets de conversations sur des records les plus insolites les uns que les autres.
Seulement, les choses ont bien évolué depuis ce premier numéro produit dans les deux pièces d’un gymnase converti en bureau. De l’objectif poursuivi par les recordmen, à l’intérêt que portent les marques à tous ceux qui souhaitent s’inscrire dans ce livre, en passant par les moyens d’entretenir le mythe autour de ce livre.
L’un des exemples les plus concrets de cette nouvelle dynamique est sans aucun doute le Cook-a-thon, le plus long marathon de cuisine réalisé par une seule personne. Ici, c’est à qui passera le plus de temps en cuisine à préparer seul des plats tout aussi délicieux les uns que les autres. Quoi de plus normal donc pour nos recordmen des fourneaux, d’être soutenu par les marques d’agroalimentaires qui pullulent ci et là, à la recherche du prochain rayon de soleil qui les rendra visible aux yeux de leurs précieux clients.
Le dernier record en date dans cette catégorie est celui de LATA TONDON. Une cheffe d’origine indienne qui en 2019 a passé 87h et 45 minutes derrière les fourneaux pour établir le record du plus long cook-a-thon solo au monde.
Récemment, ce fut au tour de la jeune cheffe nigériane Hilda BACI, de tenter d’inscrire son nom en gras dans le Guinness Book, en battant le record du plus long marathon de cuisine par un individu précédemment établi. En effet, soutenue par certains des noms phares de l’univers agro-alimentaire nigérian, la jeune femme a entrepris de réaliser son rêve de porter haut le drapeau du Nigéria grâce à sa passion, la cuisine.
Et quand on y pense bien, il s’agit là d’une opération de communication soigneusement orchestrée dont tout le succès en ligne comme IRL repose sur ce que nous allons appeler les 05 superpouvoirs d’Hilda :
- Un objectif clairement défini à partager : Parce que oui, tout le long du cook-a-thon, toutes les personnes qui parlaient de l’évènement savaient exactement de quoi il s’agissait, cuisiner plus de 87 heures de temps, et inscrire son nom dans le Guinness Book des records.
Lorsque vous souhaitez mobiliser des foules aux centres d’intérêts diversifiés autour d’un même sujet, il est très important que votre message soit unique et précis, ce qui en facilitera la répétition et donc l’adoption.
- La preuve sociale : dire vous-même que vous l’avez fait, et laisser les autres le dire pour vous sont deux cas de figure qui produisent deux effets bien différents. Et ça, notre recordwomen des fourneaux semble l’avoir compris. Le choix et l’emménagement du site ont ceci de particulier qu’ils permettent aux spectateurs de témoigner et de relayer l’expérience en temps réel : « il n’y a pas de montage, elle est vraiment en face de moi en train de cuisiner pour battre le record du monde ». Les visiteurs présents sur le site une fois avoir assimilé cette information vont ensuite relayer ce qu’ils ont vu ; et serviront indirectement de preuve sociale pour convaincre les autres de se rendre sur place ou même encore relayer les différents contenus en ligne.
C’est bien connu, vous serez beaucoup plus disposé à suivre une recommandation venant d’un proche que d’une personne lambda formée à vous convaincre vis-à-vis de qui vous aurez naturellement des doutes.
- Une mission partagée : au lieu de faire le cook-a-thon chez elle ou dans un espace fermé, Hilda BACI a opté pour un site où elle pourrait non seulement cuisiner dans les meilleures conditions, mais interagir avec ses fans en même temps. Les pas de danse esquissé ci et là, les rires ou même les danses de groupe organisées par ses fans lors de ses coups de mou comme on peut le voir sur diverses vidéos, sont une preuve irréfutable de l’engagement de ceux-ci pour la mission dont elle s’est investie. Dont elle les a tous investis.
Avoir la possibilité de toucher quelque chose rend tout de suite l’expérience plus réelle. La force d’une idéologie réside en partie dans l’idée de la savoir partagée avec d’autres. Mais aussi, dans la fierté que l’on éprouve à savoir qu’on peut contribuer à sa vulgarisation à travers nos actions aussi minimes soient elles.
- Le système de gain : souvent négligé, le gain est un facteur important lors de l’interaction avec une communauté, car c’est humain de vouloir gagner. Et, aussi infime soit le gain empoché, la satisfaction qui en découle est importante, car elle permet de montrer à la personne qu’avant de ‘changer le monde’, soutenir la cause lui permet de gagner quelque chose qui lui reviendra à elle toute seule. Ici les systèmes de gain étaient clairement définis pour garantir que le site sera tout le temps plein, et que le digital fera son travail de relais derrière : présence sur le site = un repas gratuit a chaque fois qu’elle retire un plat du feu / présence sur le site = possibilité de côtoyer IRL ses chanteurs, créateurs de contenu ou personnalités publiques favoris.
L’avantage de cette logique de réflexion à première vue égoïste, est que ce système permet de maintenir les troupes en haleine. Avec d’une part l’objectif global et ‘abstrait’ auquel tout être humain aspire –ici, soutenir Hilda vers l’atteinte de son rêve ; et d’autres part, un objectif plus concret facilement réalisable –Il s’agit ici des différents gains instantanés qui avaient pour objectif de faire patienter les ans sur le site de jour comme de nuit.
- Embrace the culture : lorsque vous décidez d’organiser une expérience sur un domaine bien précis, il faut être ingénieux pour capter l’attention des spectateurs et ne pas tomber dans la routine pour qu’ils restent avec vous du début à la fin. Alors lorsque sur un site principalement dédié à la cuisine, on réussit à mener des activités comme le Yoga, des prestations de danse, des défilés de mode, des mini prestations live d’artistes locaux, le résultat ne peut être que celui qu’on a tous vu. Un public présent du matin au soir, téléphone a la main en train de s’amuser, de relayer et d’inviter les autres à les rejoindre. La nature festive de la population nigériane ne pouvait que matcher avec cette ambiance de ‘Summer festival’
Il est important de noter ici que, cet évènement n’aurait pas eu le même relais médiatique s’il s’était agi d’un coin restaurant calme avec places assises. Où les consommateurs venaient juste manger tranquillement pour s’en aller ensuite.
- Share of conversation : un petit plus pour la fin. La communication autour de l’événement a débuté près de deux mois avant le cook-a-thon, et s’est amplifié toute la période l’événement. Mais, le plus intéressant ici est que le contenu le plus viral en ligne ne provient pas de ses pages officielles, mais des fans venus assisté qui ont relayé ce qu’ils vivaient. Durant les 04 derniers jours, Hilda BACI a été le nom au bout de nombreux claviers. Le hashtag #hildabacicookathon atteint actuellement a lui seul prêt de 17milles d’utilisation sur Instagram uniquement.
On peut aisément voir comment est-ce que assurer une expérience IRL de qualité a permis d’assurer la viralité de l’exploit d’Hilda sur les réseaux. Parce qu’après tout, elle n’est pas la seule à avoir tenté l’expérience.
A l’instant où les derniers caractères de cet article sont saisis, Hilda BACI n’est toujours pas en possession du titre, mais a informé ses nombreux fans que les différentes preuves avaient été transmises à qui de droit pour vérification. Elle est donc toujours en attente du verdict du comité mis sur pied par le Guinness Book.
Du côté de son business par contre, les nouvelles sont plus que réjouissantes, l’exposition a eu du bon. Du nombre de commandes pour son service traiteur qui a considérablement augmenté, à la rotation de clients dans son restaurant qui ne cesse de grimper, il est clair qu’à son retour de repos notre cheffe ne saura plus où donner de la tête. Il faut également souligner que, de nombreuses marques souhaitent s’associer à elle. Et se manifestaient déjà alors qu’Hilda se surpassait encore en cuisine pour battre son record.
