SAO WAX : « on s’inscrit dans une logique afro-futuriste… »

Julie Ndeme
Julie Ndeme

Nantie d’un diplôme en Marketing et Management Opérationnel, elle va, pendant 8 ans, façonner sa personnalité et ses compétences dans les boites telles Beneficial Life Insurance, Optimum Engineering Global et TeleInfra. Entreprenante, dynamique et ambitieuse, elle rêve de donner plus à son continent et recherche constamment une cause à laquelle se dévouer. C’est avec ses amis d’enfance qu’elle va finalement trouver le Graal; une entreprise multisectorielle et innovante qui a l’Afrique comme source de motivation. Julie Christiane Ndeme, General Manager de Sao Group, nous présente l’activité à laquelle elle dédie sa vie depuis 3 ans déjà.                                                              

Bonjour Julie Ndeme, vous êtes Brand Manager de SAO Group qui comprend en son sein plusieurs activités. Qu’est ce qui a motivé une telle ambition ? Qui en sont les instigateurs et quelle est votre histoire ?

Quand l’entreprise naît, le besoin de se démarquer tout en mettant en avant nos origines est si fort que nous décidons, en hommage à la civilisation SAO du Cameroun et du Tchad, de la nommer par le même patronyme. L’entreprise voit le jour au Tchad sous la houlette du tchadien Robtar Alladjim et de Joseph Jérôme Dufourg. Aujourd’hui, l’entreprise comprend trois branches donc Sao Wax, Sao Juice et Sao services. Nous nous connaissons depuis des années et partageons le désir d’apporter un plus à nos différents pays.

                                

                          Robtar Alladjim                                                                             Joseph Jerôme Dufourg

L’aventure commence en 2017 avec Sao Juice. Le Tchad étant un pays majoritairement musulman, seule une boisson non alcoolisée pouvait rencontrer un fort succès dans les ménages. La particularité des jus, en plus de leur packaging, est qu’ils contiennent 50% de pur fruits pour six saveurs. Le succès a très vite été au rendez-vous et avec lui Sao Wax. Guy Kouekam, notre designer, nous avait proposé plusieurs designs pour le packaging et ils étaient tous magnifiques. Il fallait cependant en choisir un seul. On s’est donc demandé comment exploiter les autres designs ? On a pensé à les imprimer sur du wax et en faire une marque particulière, Sao Wax est née.

                                  

A côté de ça, nous avons Sao Services qui est spécialisé dans l’import-export. Actuellement, nous importons le café italien Lavazza dont nous sommes les représentants en Afrique Centrale et la marque Loco qui est une boisson énergisante et de la vodka.

                                                           

Dites-nous en plus sur Sao Wax. C’est quoi le projet à long terme et comment comptez-vous vous déployer ?

La première chose, ce sont les designs originaux qu’on ne retrouve et retrouvera nulle part ailleurs, ils sont le propre de Guy Kouekam. C’est en somme un nouveau tissu de qualité qui a été lancé sur le marché le 22 Septembre.

                                           

                                                               Guy Kouekam et Julie Ndeme – Mboti Week

Pour la suite, on envisage d’imprimer les designs sur une large palette de gamme de la soie à la mousseline dans un futur proche. Au départ, il était question de commercialiser uniquement des pagnes de 6 yards mais désormais nous confectionnons aussi des vêtements en chic décontracté africain. En ce moment, nous travaillons avec des designers pour des marques telles Noirata dont le promoteur Freddy Manyongo est notre figurine (égérie), Margot’s mode, Matanga 237 pour la confection des chaussures, Shop Faf du Ghana et Gwel de la Côte d’Ivoire pour les accessoires. L’objectif est de fournir des produits pour toutes les gammes.

                                         

                                                           Freddy Manyongo et Julie Ndeme – Mboti Week

A long terme, nous souhaitons avoir des boutiques d’articles made in Africa qui viendront concurrencer H&M, Zara, etc. Des articles pour toutes les bourses, tailles et styles. Les gens doivent rêver de porter africain, on s’inscrit véritablement dans une logique afro-futuriste mais le rêve commencera avec une boutique virtuelle qui sera disponible très prochainement.

Sao Group était implanté au Tchad et désormais se déploie à partir du Cameroun. Qu’est ce qui a motivé le choix de cette délocalisation ?

Avec Sao Juice notamment le jus Freek, c’était plus évident de pénétrer le marché compte tenu du contexte culturel et religieux. Il faut aussi noter que la concurrence était presqu’inexistante car, proposant un produit cheap par rapport au nôtre. Nous devons aussi remercier les tchadiens qui sont prompts à dépenser sans compter lorsque le produit satisfait leurs besoins. Tout à basculé à la disparition du président Idriss Deby Itno. L’instabilité socio-politico-économique n’était plus propice à nos activités. On a décidé de délocaliser l’entreprise du Tchad au Cameroun. On est bien conscients de la divergence culturelle et économique qui change les habitudes de consommation mais nous sommes prêts à relever le défi.

Concernant le jus Freek et les tissus Sao Wax, comment se fait la production ? Où prenez-vous votre matière première et êtes-vous encore au stade de la transformation artisanale ou déjà industriel ?

Nous proposons un jus de qualité premium avec une contenance en pur fruit de 50% ce qui est quasiment une première dans notre contexte. La production de Freek est industrielle, nous avons sollicité une structure en Espagne pour gérer toute la production afin de s’assurer que ses composantes et sa composition respectent les normes et standards internationaux.

      

Les tissus Wax sur lesquels nous imprimons nos designs viennent principalement de l’Afrique de l’Ouest faute de pouvoir s’approvisionner à la Cicam. Pour la soie et le bazin, nous avons sollicité une structure en Inde et entendons bien migrer vers une production de masse à long terme.

                      

                                                                           Les trois coloris du tissu Sao Wax

Vous qui œuvrez pour le made in Africa, que pensez-vous de la consommation des produits locaux par les africains qui se plaignent très souvent du coût d’achat ?

Rire. Mon avis à ce sujet est très clair, c’est un problème de mentalité et non de coût élevé. La différence des prix entre les produits locaux et ceux importés n’est généralement pas très large et s’explique par le procédé de fabrication qui reste artisanale pour la majorité des produits locaux comparer à la production industrielle et donc de masse de ceux importés. Les produits locaux sont à coup sûr de meilleure qualité pour la santé et l’environnement. Le souci c’est qu’on croit toujours que le meilleur vient d’ailleurs. Il y a aussi le marketing des produits locaux qui doit véritablement s’améliorer pour convertir les consommateurs, c’est l’une de nos grandes forces à ce jour mais il faut reconnaître que des efforts considérables sont faits de ce côté. Pour le reste, il y a un réel mouvement de retour aux sources depuis quelques années déjà, on l’a vu avec le mouvement Nappy. De plus en plus les africains reviennent vers ce qui fait leur identité, nous espérons que ce mouvement ira grandissant au fil des ans.

More from Nadia Ed
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *