SANDY SALYERES (ABENA) : «JE SUIS UNE GLOBETROTTEUSE DE L’AFRO-WORLD »

SANDY SALYERES

Antillaise de nationalité et africaine de souche, elle a explosé Instagram avec son parcours en solo de « l’Afro-World », (entendez l’Afrique et tous les pays où l’on retrouve historiquement les descendants de ce continent).  Derrière ses périples qu’elle partage avec ses plus de 120 milles abonnés, il y a une cause plus grande encore. Sandy Salyeres ne veut pas seulement visiter l’Afrique, elle suscite en tous les descendants de ce continent l’amour de leurs origines et en les autres, le respect du berceau de l’humanité. Elle a quitté son travail, laissé derrière elle sa famille, pour mettre la lumière sur les merveilles de sa terre natale. Sur le digital, elle est incontestablement l’une des plus grandes influenceuses du tourisme africain. Pour notre dossier tourisme, nous nous sommes joints à Sandy Abena pour son concept 10 mois 10 pays. Nous avons parcouru le continent au travers de ses souvenirs et de sa passion pour le voyage et nous sommes revenus le sac plein de découvertes.

 

Bonjour Sandy. Vous vous définissez comme solo globetrotteuse. Pourquoi Globetrotteuse alors que votre cible est l’Afrique et les pays d’Afro descendants ? Pourquoi et comment cet amour pour l’Afrique est -il né ?

Un globetrotteur est une personne qui parcours le globe, c’est un synonyme de voyageur. Ma cible étant l’Afrique et l’Afro-World donc tous les pays où les noirs sont présents historiquement (caraïbes, Amérique latine, Europe etc.) je suis de ce fait une globetrotteuse de l’Afro-World. Mon père guadeloupéen nous disait toujours qu’on venait de ce continent. J’ai donc grandi avec l’Afrique dans le cœur. Là où ça a véritablement basculé, c’était pendant mon premier voyage en Afrique, au Ghana. J’y ai appris beaucoup de choses, et j’ai découvert une façon de voyager plus authentique, vraie et décalée.

Êtes-vous véritablement née un mardi où vous a-t-il simplement plu de garder un souvenir de votre premier voyage en Afrique en adoptant le surnom d’Abena ?

En arrivant au Ghana par le biais d’une association de bénévoles, je me retrouvai le premier jour seule au milieu d’hommes tous âgés d’une trentaine d’années.  J’avais 18 ans. Pour me détendre, ils m’avaient demandé quel jour de la semaine j’étais née, et selon le calendrier ça tombait un mardi. Selon leur tradition, les filles qui naissent un mardi portent le nom d’ABENA. Lorsque je décide de lancer mon projet en 2016, je prends ce nom pour faire un clin d’œil à ma toute première expérience avec l’Afrique.

Parlez-nous de ABENAFRICA ? 4 ans plus tard, arrivez-vous à rentabiliser cette plateforme ?

Nous sommes encore dans la première phase de l’entreprise. J’aurais pu monétiser plus rapidement mais ma priorité était la qualité du contenu. Pour 2023, nous ambitionnons de passer à la prochaine étape qui est de faire de cette plateforme une entreprise qui aide, conseille et accompagne les gens dans leurs projets de voyage dans l’Afro-World. Mon objectif principal est que le monde voit l’Afrique autrement au travers de mes vidéos et d’autres projets qui permettront de mettre la lumière sur l’Afro-World.

Parlez-nous du concept 10 mois, 10 pays. Les difficultés, les moments inoubliables, et qu’est-ce que vous retenez de cette expérience audacieuse ?

C’était un rêve que j’avais. Pendant 3 ans, j’ai hésité entre ma vie de rêve (voyager à temps plein) et celle qui me permet de payer mes factures (travailler). En tout, j’ai fait 16 pays de l’Afro-World dont 15 en Afrique et 1 aux Antilles. Avant, je voyageais déjà et je partageais toutes mes escapades à mes 22.000 abonnés. Avec 10 mois 10 pays, j’ai gagné 100.000 abonnés en moins d’un an. De cette expérience, je retiens beaucoup de choses mais voici celle ce que je souhaite partager : Très souvent, on veut faire des choses mais la peur nous empêche de sauter le pas. La peur est la seule chose qui rend les choses difficiles. Voyager un an à temps plein signifiait adieu à un salaire décent et régulier, mais j’y suis parvenu tout de même.

Vous avez quitté votre emploi en 2021 pour être à 100% sur le projet ABENAFRICA. Comment arrivez-vous à financer vos voyages ? Combien avez-vous investi dans vos voyages en tout ? Combien vous coûte un voyage en Afrique ?

80 à 85% de mes voyages sont financés grâce à mes économies. J’ai également récolté de l’argent au travers des masterclass que je donne et une cagnotte que j’ai ouvert récemment pour mes derniers voyages. Pour ce qui est du coût des voyages, c’est fonction du pays. Voyager au Cameroun est différent du Ghana ou de l’Afrique du Sud. Certains pays sont plus coûteux que d’autres. Aussi je n’ai pas gardé dans un tiroir tous les tickets des dépenses que j’ai effectué pendant 12 ans de voyage (rires).

Combien de personnes ont voyagé en Afrique grâce à votre plateforme ?

Je ne possède pas les données exactes mais chaque jour, au moins 7 personnes m’écrivent pour me dire qu’elles ont sauté le pas vers l’Afro-World grâce à mes vidéos, je suppose donc qu’elles se comptent en milliers depuis que je le fais. Plusieurs en ont d’ailleurs fait une activité dans leurs pays d’origine. Pour les masterclass, on en est à 400 personnes qui suivent mes conseils et voyagent sur le continent Africain.

Combien de pays africains avez-vous visités à ce jour et combien de pays afro descendants avez-vous visités en tout ?  Comment se fait le choix des pays et des sites que vous visitez ? En fin, Comment préparez-vous vos voyages ?

J’ai voyagé dans plus de 20 pays en Afrique et dans une trentaine dans l’Afro-World. Comment je les choisis ? D’abord en fonction de mon envie, ensuite en fonction du coût du voyage. Les pays qui sont peu touristiques m’attirent énormément. Moi je cherche en plus des belles plages, à connaître les populations, leur culture et leur histoire. Pour ce qui est de la préparation des voyages, je le fais à 80% seule. Je commence généralement par des recherches sur internet histoire de me familiariser avec le pays. Par la suite, je contacte des personnes sur place (des guides touristiques), à qui je présente mon parcours question de savoir si c’est faisable ou pas et avoir plus d’orientation sur les activités que je souhaite mener sur le territoire.

Pourquoi selon vous les africains ne voyagent pas suffisamment en Afrique ?

En Europe, un adolescent de 16-18 ans a déjà trainé un peu quelque part en Europe. Soit c’était un week-end en Italie ou en Espagne avec sa classe d’Espagnole ou encore en vacances avec la famille. Le voyage ou le tourisme fait partie de la culture de ce qui n’est pas le cas en Afrique. Il y a deux types d’africains, ceux qui vivent en Afrique et ceux qui sont de la diaspora et qui voyagent partout dans le monde sauf en Afrique. Dans tous les cas, le fait est que, les pays africains ne sont pas marketés. On va voir ailleurs parce qu’on a vu sur les réseaux sociaux ou à la télévision.

Vous qui avez tant parcouru l’Afrique et impulsé le tourisme en Afrique sur le digital, quel est votre regard sur le tourisme en Afrique de façon globale ? Y a-t-il des pays qui se démarquent ? Que peut-on faire, selon vous pour davantage promouvoir la destination Afrique ?

Les pays d’Afrique de l’Est particulièrement se démarquent par l’accessibilité déjà au pays et aux sites touristiques. Puis ce sont des pays où la sécurité est assurée et les coûts sont abordables. Les pays comme le Bénin et presque toute l’Afrique de l’Ouest ont des initiatives intéressantes également. Par contre, des pays comme le Cameroun et le Congo, et l’Afrique Centrale en générale, sont très difficile d’accès, niveau sécurité, il y a également à faire et ce sont les pays qui sont les plus coûteux du fait justement de ces inconvénients.

Il y a des actions et initiatives qui naissent d’en bas et qui ont besoin du soutien des pouvoirs publics. Par exemple, les constructions d’hôtels, d’habitations et autres infrastructures qui à elles seules pourraient faire l’objet d’attractions touristiques. Des initiatives portées pour la plupart par des guides touristiques et qui ont un fort potentiel.

On a également le digital. Les pouvoirs publics et privés devraient soutenir ces personnes qui vendent l’image de leur pays sur le digital. Si ça n’avait pas été certains créateurs de contenus comme Chouchou Mpacko, je n’aurais jamais visité le Cameroun. Pourtant, ses confrères et elles investissent de leur propre argent pour mettre en avant ce pays sans aucun soutien ce qui est vraiment dommage. Il n’y a pas de collaborations entre ces créateurs de contenus et les acteurs du tourisme, pourtant ce serait des partenariats triplement bénéfiques.

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