Souriante et volontaire sont les premiers mots qui viennent à l’esprit pour la décrire. Née à Paris, où elle a fait des études en finances et gestion, elle s’est construire aux Etats –Unis où elle a mené une carrière riche en expérience au sein d’entreprise de renommée mondiale dans le secteur de la finance. En 2020, elle dit aurevoir à New York où elle a vécu pendant plus d’une quinzaine d’années, et décide de revenir en Afrique pour travailler sur l’inclusion financière des populations de la région. Elle, c’est Carine DIKAMBI NJAMO, la directrice des opérations de Yellow Card.
Inspire Afrika Magazine : Pouvez-vous nous présenter Yellow Card ?
Carine Dikambi : Yellow Card est une fintech qui opère dans vingt pays en Afrique. Nous sommes la plus grande, et la seule plateforme sous licence de StableCoin en Afrique. Nos utilisateurs comprennent des particuliers, ainsi que des entreprises de toutes tailles. Avec notre application, les utilisateurs peuvent acheter et revendre du BitCoin ainsi que des stable coin comme l’USDT, l’USDC et le PYUSD. Ils peuvent également effectuer des achats en toute sécurité de manière simple et efficace sur l’application, ou encore, facilement convertir leurs devises locales avec des stable coin comme l’USDT ou l’USDC.
I.A.M : Pouvez-vous nous définir la crypto monnaie en des termes simples ?
C.D : La crypto monnaie est une forme d’argent numérique qui permet de faire des achats de biens, et de services, des investissements, ou même encore des transferts transfrontaliers à moindre coûts, et à une rapidité extrême comparé aux moyens de paiements traditionnels. Il existe plusieurs types de Cryptos, la plus connue étant le Bitcoin, qui est une forme d’or numérique. Elle est sortie en premier, et est la plus célèbre de toutes. Nous avons également ce qu’on appelle les stable coin qui sont des jetons arrimés à des monnaies telles que le Dollar, l’Euro, qui eux ne sont pas censé être aussi volatiles que les Crypto monnaies classiques. Dans cette catégorie-là, nous retrouvons l’USDT, l’USDC ou encore le PYUSD. Nous avons également ce que l’on appelle les Alt Coin, qui sont toutes les autres crypto monnaies qui ont été créés après le BitCoin.
I.A.M : Pourquoi avoir fait le choix de l’Afrique comme marché principal alors que le
produit que vous proposez est ce qu’il y a de plus intangible ?
C.D.: Le choix de Yellow Card de s’implanter en Afrique est tout à fait logique. On parle là d’un continent jeune et dynamique, dont la population est en phase avec l’ère du numérique. Nous sommes actuellement dans vingt pays, et nous souhaitons nous installer dans plus de pays en Afrique. De plus, le service bancaire traditionnel ne répond pas aux besoins de tous. Alors avec Yellow Card, nous offrons une inclusion financière à toutes les parties qui sont non bancarisées.
I.A.M : Quels sont les axes qui guident votre politique d’implémentation en Afrique ?
C.D.: Notre politique d’implantation en Afrique est soutenue par plusieurs axes stratégiques. Le premier, l’éducation et la sensibilisation. L’éducation est au cœur de nos priorités. Nous avons notamment mis sur pied la Yellow Card Academy, qui est une plateforme d’apprentissage où chaque personne peut apprendre plus sur les Crypto monnaies et l’écosystème dans lequel nous nous trouvons. Le deuxième axe pour nous est la simplicité. Cela se ressent par notre application simple d’utilisation, et très facile à maitriser. Le troisième et dernier axe chez nous à Yellow Card c’est la sécurité et la confiance. Nous mettons un accent particulier sur la sécurité de notre plateforme en utilisant les technologies de pointe les plus avancées et, en nous assurant que nous respectons les normes internationales. Le quatrième et dernier axe, c’est la collaboration avec les autorités légales, et le régulateur. Nous nous tenons ainsi à leur disposition pour leur permettre de créer un cadre juridique compréhensif et qui facilite en même temps l’innovation.
I.A.M : Selon vous, quels sont les préjugés les plus persistants auxquels vous devez faire
face au quotidien dans votre cheminement vers une adoption massive de la crypto
monnaie en Afrique ?
C.D : Des préjugés que j’entends souvent par rapport à la crypto, le plus récurrent est que la « Crypto c’est une arnaque ! ». Ensuite, les gens pensent très souvent qu’ils vont pouvoir multiplier leur argent avec la crypto. Et ça, c’est quand ils ne se disent pas que la Crypto c’est une technologie qui est totalement complexe et inaccessible. Bien évidemment, ce sont des préjugés. Avec la crypto, on ne peut pas transformer l’argent, ce n’est pas vrai. Il faut s’informer et se former.
I.A.M : La conquête de l’Afrique par vos services et donc du Bitcoin se fait-elle de façon
uniforme ?
C.D : La conquête de l’Afrique ne se fait pas de façon uniforme. Elle varie selon les pays en fonction de différents facteurs, majoritairement d’ordre culturel ou économique. Par exemple,
dans les pays anglophones, où le monde de l’entrepreneuriat et l’écosystème des Start UP est beaucoup plus développé, l’adoption de la crypto est assez importante. On peut citer ici le cas du Nigéria ou du Kenya par exemple. Dans les pays francophones par contre, le cadre juridique n’est pas encore clairement établi. On y note donc une adoption de la crypto certes, mais pas de même envergure que dans les pays anglophones.
I.A.M : Si on vous demandait de citer trois challenges auxquels vous faites face au
quotidien dans la collecte, le traitement et l’utilisation efficace de la data, que diriez-
vous ?
C.D : Dans nos actions d’expansion quotidiennes, nous faisons face à divers challenges, les plus notoires à mon avis étant entre autres le manque de compréhension et de confiance. Ce manque de confiance est justement un effet des préjugés mentionnées plus haut. Les gens pensent tout le temps que c’est de l’arnaque parce qu’ils ne s’informent pas, et ne sont pas formés. Mais nous restons convaincus qu’avec un peu d’éducation, ils comprendront la technologie qui est derrière les Crypto. Un autre de nos challenges est, l’accès à internet et la
connectivité. Le coût de la data en ce moment est assez élevé, ainsi que la pénétration de la data qui est loin d’être à son maximum dans de nombreux pays en Afrique. Enfin, comme autre challenge, je pourrais citer le cadre règlementaire, qui lui n’est pas encore établi de manière claire et favorable dans de nombreux pays en Afrique.
I.A.M : Sur le long terme, quels sont les projets de Yellow Card dans la sphère
numérique africaine ?
C.D: Sur le long terme, l’objectif de Yellow Card est de couvrir l’entièreté des pays africains et de continuer de promouvoir l’inclusion financière à travers l’Afrique. Ceci grâce aux différents produits que nous avons lancés, et la panoplie de nouveaux produits que nous allons lancer.