MAREME MALONG: « LE MEILLEUR MOYEN D’AVOIR ACCÈS À LA CITOYENNETÉ, C’EST LA CULTURE »

Marème Malong Crédit Photo: Galerie MAM

Marème Malong est une passionnée d’art. La franco-sénégalaise installée au Cameroun a ouvert en 1995, la galerie MAM comme « maman », sa mère à qui elle voudrait rendre hommage, comme grand-mère en wolof ou comme « Maison de l’Art Moderne ». Depuis bientôt 30 ans, elle accompagne les artistes et contribue à créer un espace vertueux pour les créateurs du continent.

Que pensez-vous de l’enthousiasme actuel pour l’art contemporain africain ?
Il faudrait tout d’abord se demander ce qu’est l’art contemporain africain. Il ne faut surtout pas penser que c’est un effet de mode. Nous devons arrêter d’explorer notre environnement de manière eurocentrée et ne pas être dépendants de ce que l’Europe pense. Les artistes ont toujours été là, ils le sont aujourd’hui et ils le seront encore demain. Malheureusement, force est de constater que nos artistes sont souvent plus célébrés ailleurs. Que pensez-vous de la place donnée à la culture sur le continent aujourd’hui ? La culture n’a pas la place qu’elle mérite. Pour qu’elle soit célébrée, il faut donner de la visibilité aux artistes africains. Il faut créer des lieux, pas forcément des galeries mais trouver notre forme d’expression pour valoriser nos artistes. Le meilleur moyen d’avoir accès à la citoyenneté, c’est la culture.

Être artiste, ça reste encore une profession marginalisée chez nous. Comment leur donner de la visibilité si on ne voit pas leur valeur ?
C’est triste de se dire qu’artiste soit une profession marginale. D’ailleurs, je préfère parler de créateur. Ils créent de la valeur. Dans un environnement comme le nôtre où il n’y a pas de formations, pas de place pour la culture, des peintres, des écrivains, des créateurs de tous types émergent au Cameroun. Imaginez ce que ça pourrait être si nos gouvernements accordaient de la place à la culture. Avez-vous déjà vu un tableau dans un ministère ? Les budgets accordés à la culture sont dérisoires. Tout commence là, ce sont des lieux qui devraient mettre en avant notre patrimoine. Le sport et le reste passent avant. La culture est le parent pauvre de notre administration.

En parlant de sport, ne pensez-vous pas qu’il nous faudrait un Samuel Eto’o de la culture ? On a vu Marc Padeu battre des records de vente mais être peu célébré au Cameroun. A l’heure où on met beaucoup en avant l’image et que le storytelling fait vendre, ne nous faut-il pas des superstars de l’art contemporain ?
(rires) Je ne suis pas sûre que ce soit un objectif pour les artistes de devenir des super stars. Les mentalités doivent changer. Il faut donner sa dimension économique à la culture. C’est un écosystème à créer. Les artistes veulent surtout vivre décemment. Ils sont obligés d’aller à l’extérieur pour pouvoir le faire. Pascale Marthine Tayou, Bili Bidjocka, Barthélémy Toguo… Même s’ils viennent régulièrement au Cameroun,
ils vivent tous à l’étranger.

Lisez l’interview complète à partir de la page 14

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