Carole EPEE c’est le dynamisme incarné. Convaincue que l’Afrique est le continent de demain, elle est consciente des réalités de l’environnement socio-professionnel du Cameroun. Hors interview, elle nous confie que certaines notions, comme celles de networking, doivent être adaptées au contexte local pour être efficaces. C’est à coeur ouvert et sans tabou qu’elle nous confie ses pensées sur la situation de la femme Africaine.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Carole EPEE, jeune (c’est une notion subjective) camerounaise de 43 ans et mère de trois enfants. J’ai 18 ans d’expérience professionnelle et je suis la directrice Générale de WTW Cameroun, plus connu sous le nom de Willis Towers Watson Cameroun. Le groupe WTW est le 3e plus grand courtier d’assurances au monde et fournit des conseils, le placement et la gestion des polices.
Qui sont vos modèles féminins et pourquoi est-ce important d’en avoir ?
Mon premier modèle est ma mère. C’est la femme la plus forte et la plus intelligente que la terre ait produite. Mon deuxième role model, c’est ma grand-mère maternelle : Son amour pour l’humanité était sans mesure. Elle nous a appris que seul l’amour et l’humain ont de l’importance ; le reste est éphémère. A moi particulièrement elle m’a enseigné « qu’on ne dure pas dans un mauvais rêve ». Avoir des références positives permet d’avoir des valeurs solides et des objectifs dans la vie. Elles permettent aussi de bénéficier de l’expérience de personnes qui, selon notre perspective, ont réussi à traverser certaines épreuves.
Pensez-vous que les femmes peuvent tout avoir ? Par exemple une bonne carrière tout en étant mère et épouse ?
Bien sûr que oui ! Je pense que nous méritons d’avoir tout ce que nous désirons. Mais pas à n’importe quel prix.
Comment changer la perception que la société a de ce que les femmes sont capables de faire ou non ?
En éduquant des filles intègres. Elles sont les femmes fortes de demain.
Cependant, elles ne sont pas les seules. Nous devons aussi éduquer des hommes respectueux et attentionnés. L’idéal serait d’encourager les femmes à se dépasser et à exceller, en leur donnant plus de responsabilités, tout en respectant les contraintes inhérentes à leur genre. En gros, changer la perception de ce que les femmes peuvent gérer revient à repousser le plafond de verre.
Pour vous, que veut dire être une femme Africaine aujourd’hui ?
Être une femme Africaine aujourd’hui c’est être l’un des maillons les plus forts du continent le plus dynamique de ces 50 prochaines années.
Il y a-t-il des sacrifices à faire quand on souhaite briser le plafond de verre ?
Oui. Il faut travailler un peu plus, mettre de la passion dans ce que l’on fait, sans compter ses heures. Il faut être audacieuse, et oser demander, sans avoir honte d’apprendre. Au-delà de tout, il ne faut pas oublier de prier. Comme disent les ivoiriens, « Il y a Dieu dedans. »
Pourquoi est-il si difficile d’être une femme africaine dans l’environnement professionnel ?
Être une femme africaine au travail n’est pas vraiment une préoccupation dans notre société comme on peut le voir sous d’autres cieux. Nous ne sommes pas soumises au racisme, mais plutôt au sexisme ambiant endogène à nos sociétés patriarcales qui veulent encore que la place des
femmes soit dans la cuisine.
Que faut-il faire pour avoir plus de femmes leaders ?
Plusieurs choses. D’abord, la formation scientifique et technique doit être désacralisée : elle n’est pas plus difficile pour une fille que pour un garçon. Ensuite, il est plus que temps d’intégrer la réalité des contraintes liées au statut de mère et d’épouse dans la gestion du travail. De plus, il faut penser en termes d’objectifs et de réalisations plutôt qu’en temps passé au travail. Enfin, nos environnements de travail doivent être rendus plus inclusifs et nous, en tant que femmes leaders, devons être plus réactives et solidaires.