Faire reculer le désert

Selon l’ONU, 2.6 milliards de personnes dans le monde dépendent de l’agriculture mais à cause de la sécheresse et de la désertification, chaque année 12 millions d’hectares sont perdus, soit 23 hectares par minute.  ¾ de la population pauvre mondiale est directement touchée mais nous sommes tous concernés. Plus de 900 millions d’hectares sont couverts par le désert en Afrique, le Sahara étant le désert chaud le plus vaste au monde. De nombreuses initiatives ont été menées depuis les années 70 pour arrêter le désert. Les conférences et les conventions se sont succédées, mais le désert a continué d’avancer. Au Burkina Faso, dans les années 80, Yacouba Sawadogo a adopté et amélioré une technique ancestrale pour réussir à faire reculer le désert.

L’homme qu’on traitait autrefois de fou, est aujourd’hui appelé “professeur”. Il transmet la technique du “zaï” qui consiste à creuser des trous de 20 cm, les remplir de terre et de compost en plus des graines pour qu’ils absorbent l’humidité et favorisent la repousse des plantes. Il utilise en plus les termites pour aérer et enrichir le sol. 30 ans après le début de son initiative, 15 hectares de forêt ont poussé à Gourga, son village. Les habitants qui avaient fui, sont revenus cultiver leurs champs. Yacouba Sawadogo sillonne alors les villages sur sa moto pour partager son savoir. Les experts en agronomie se bousculent pour rencontrer celui qui a réussi là où la plupart des programmes ont échoué. Il fait l’objet de plusieurs reportages et en 2010, un documentaire intitulé “l’homme qui a arrêté le désert” lui est consacré par Mark Dodd. Il est projeté en 2011 lors de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification à Changwon en Corée du Sud. Il est félicité par le président Obama.

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La méthode du Zaï améliorée par Yacouba a permis de reboiser plus de 3 millions d’hectares de terres stériles au Burkina Faso. La méthode dépasse les frontières du pays des hommes intègres; 8 pays du Sahel en font usage. Grâce à l’amélioration des rendements, les agriculteurs ont augmenté leurs revenus et de moins en moins de personnes quittent leurs villages.

Yacouba Sawadogo aimerait que les gens aient le courage de se développer à partir de leurs racines. Comment pourrait-il en être autrement? Comment pourrions-nous évoluer sans être bien ancrés? Il a cherché une solution aux problèmes de son village quand bien d’autres avaient fui sans regarder en arrière. Plus qu’une avancée écologique, c’est une leçon de vie, une incitation pour chacun à apporter sa pierre à l’édifice.

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