Mariam KAMARA est une femme architecte. Elle ne se contente pas que d’exercer dans un milieu dominé par la gente masculine, mais repousse les limites en vivant entre le Niger et les Etats-Unis. Cette Nigérienne a plusieurs cordes à son arc : d’abord informaticienne, elle enseigne ensuite l’urbanisme à l’université de Brown. Elle a été remarquée par le célèbre architecte britannique d’origine ghanéenne David Adjaye, avec qui elle forme le duo « mentor et protégée » du programme Rolex de mentorat artistique 2018-2019. Mariam KAMARA est aussi une cheffe d’entreprise : elle dirige l’atelier Masomi. L’un de ses projets phares est le Legacy Restored Center, un complexe religieux atypique à Dandadji, sa ville d’origine, où elle fait cohabiter religion et modernité. La lauréate du Global LafargeHolcim Awards 2018 nous livre son opinion sur son métier et son pays d’origine pour lequel elle est engagée.
Sur la contextualisation de l’architecture et la perception du métier.
Je pense qu’il y a beaucoup à faire d’un point de vue architectural en Afrique. Tout d’abord, il convient de noter que les pays africains ont rarement le pouvoir économique de créer (matériellement) le type d’architecture mis en œuvre en Occident. De toute façon, ils ne le devraient pas le faire. Ce n’est pas durable dans le sens où ce serait insoutenable : il serait difficile de maintenir les constructions sur du long terme pour des raisons de coût et d’accès. Je souhaite trouver un moyen de créer une architecture contextuelle et durable et qui mettrait surtout l’humain au centre des réflexions.
Et c’est parce que l’architecture met l’homme au centre de toute démarche, que c’est une discipline importante, utile au développement, contrairement à la perception qu’on en a parfois sur le continent. Je pense que nous avons des problèmes lorsque nous oublions ce fait et cela devient un exercice visuel plutôt qu’un exercice basé sur l’aménagement de l’espace.
Sur la (re)structuration des villes africaines afin que celles-ci s’adaptent au mode de vie africain
Aucune approche ne conviendrait à tous les pays, puisque nous sommes un continent après tout. Sur ce point-là, il n’existe pas de solution magique. Cependant, tant que nous nous concentrons sur les réalités et les besoins locaux, nous pouvons avoir une idée des solutions appropriées. L’un de nos plus gros problème est le manque de recherche d’un point de vue local, mais aussi le manque de confiance en soi. C’est parce que nous manquons de confiance en nous que nous sommes obligés de chercher des réponses ailleurs.
Sur l’importance de créer un espace où les femmes nigériennes pourraient être éduquées
Le Niger est en pleine explosion démographique, notamment au niveau de sa jeunesse. 75% de la population a moins de 25 ans. Une des particularités du Niger est que les jeunes ont accès à très peu d’activités. Outre l’éducation et de nombreux autres défis urgents, le pays a du mal à accompagner financièrement des projets sociaux et culturels.
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