Stanislas Jerzy Law disait : « Avec les rêves aussi on peut faire des confitures. Il suffit d’ajouter des fruits et du sucre. » Jessica Allogo l’a pris au mot. Née au Gabon, elle y a grandi, avant d’aller vivre au Canada et en Birmanie. Elle est diplômée en chimie. Rien ne la prédestinait à la création d’une marque de confitures made in Gabon mais après tout, la cuisine n’est-elle pas de la chimie ? Son rêve aujourd’hui, c’est de faire rêver les autres à travers ses confitures.
Comment a débuté l’aventure des petits pots de l’Ogooué ? Pourquoi des confitures ?
Je suis tombée dans le chaudron à confiture un peu par hasard. Comme je vous l’ai dit, j’ai été expatriée en Birmanie. J’adore les mangues et j’avais la chance d’y découvrir des variétés exceptionnelles. J’avais du personnel incroyable, qui pour me faire plaisir me faisait découvrir de nouvelles variétés régulièrement. Le jour de mon départ, ils m’ont offert un cadeau, qui sur le coup m’a paru un cadeau empoisonné (rires) : une caisse de mangue de 40 Kg! De retour au Gabon, j’avais quelques mangues trop mûres et j’ai donc décidé d’en faire des confitures. Le « tour du monde en un pot de confiture » comme je l’ai appelé, était un savoureux voyage entre les mangues d’Asie, de fruits de la passion du Gabon et de vanille ramenée d’un voyage à l’Ile Maurice. Un grand succès à la maison! Quelques mois plus tard, en mars 2016, l’association Femmes Exceptionnelles a organisé un évènement pour la journée de la femme. J’ai décidé de faire quelques pots et de les vendre à cette occasion. Un succès, en quelques heures tous mes pots étaient vendus. J’ai réalisé ce jour là, le potentiel de ce projet d’épicerie fine. Le segment aurait pu, à tort, sembler banalisé. Il y a largement la place pour de la confiture haut de gamme. Aujourd’hui en Afrique et ailleurs, la nourriture de qualité, celle qui fait plaisir et qui fait du bien, s’invite sur le devant de la scène. Parce que la bonne cuisine est chose d’importance et fait partie de notre héritage culturel africain, je m’épanouis à sublimer les produits du terroir et en faire des confitures d’exception. Pour moi, la confiture véhicule des valeurs positives de partage, de convivialité, d’art de vivre, et de transmission. C’est un produit hédoniste, autour duquel on peut inventer tout le temps des nouvelles recettes, et qui se travaille comme un grand cru : la confiture se regarde, se sent, se goûte.
Quels sont tes projets pour les petits pots de l’Ogooué ?
Je souhaite grandir à mon rythme, en étant sûre de la qualité de mes produits. Produire et produire bien au Gabon est un défi. Je souhaite réellement rehausser le niveau de qualité des produits agroalimentaire faits localement. Les fournisseurs de matières premières (en dehors des fruits) sont inexistants, les laboratoires de contrôle, l’expertise en Qualité/Hygiène est rare. Il me faut donc mobiliser beaucoup d’énergie et d’argent pour trouver des fournisseurs à l’étranger qui m’accompagneront dans tous ces domaines. Cela réduit aussi l’efficacité de mon développement car ça prend du temps. Je fais donc les choses à mon rythme. Nous comptons nous développer à l’international comme la référence en confiture haut de gamme du continent. Le concept a un très fort potentiel de développement comme un élément d’art de vivre à l’Africaine. Au niveau des produits, nous travaillons sur un nouveau format de pot (30 g.), orientés vers l’hôtellerie et les restaurateurs. Nous préparons aussi une gamme de chutneys et confits ananas épicés et une gelée de gingembre, qui permettront de découvrir une autre façon de déguster la confiture. Dans un an, j’aimerais avoir une boutique au Gabon de produits fins d’Afrique et d’ailleurs. Afin de faire découvrir et partager la richesse et la fraîcheur de la gastronomie africaine. Notre souhait est aussi d’être référencé dans des hôtels de luxe, de constituer des cadeaux d’entreprises, des cadeaux de mariage, de créer des emplois et de concevoir une entreprise différente où chaque salarié arrive sourire aux lèvres le matin.
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