12h40 aux heures les plus chaudes de la journée, dans un embouteillage comme seule Douala sait le faire, la radio joue à tue-tête “sachons cajoler nos maris” sur un air de makossa. Le chauffeur de taxi se tourne et engage une conversation sur les femmes modernes qui s’occupent plus de leur travail que de leur mari et enchaîne sur les influenceuses qui “dévergondent la jeunesse”. Les femmes auront-elles un jour le droit d’être ce qu’elles veulent ?
Pour la troisième fois consécutive, nous consacrons un numéro aux femmes camerounaises. Dans un pays où plus de la moitié (51.5%) des femmes vivent sous le seuil de pauvreté, le débat devrait évoluer. Qu’elles se consacrent à la petite enfance comme Berthe Ntocko (page 41) ou qu’elles mènent un cabinet d’avocat comme Lynda Amadagana (page 25), les femmes de ce numéro ont un point commun, l’audace d’avoir choisi leur chemin. On les imagine acariâtres, colériques parce qu’elles évoluent dans leurs entreprises ou créent les leurs. Il n’en est rien. L’illusion faisant penser qu’on ne peut pas être chef d’entreprise et épouse aimante, réussir en étant autre chose qu’ingénieure ou docteur et qu’on est forcément méchante ou aigrie lorsqu’on fait des choix différents doit être brisée.
Elles sont brillantes, belles mais surtout bien dans leurs peaux. Un numéro pour célébrer l’au dace féminine. Des profils qui, nous l’espérons une fois de plus, vous inspireront. La table est grande et il y a de la place pour tout le monde. Prenez une place, faites preuve d’audace.