Très peu de femmes de trente-cinq ans cumulent plus de 13 ans d’expérience au sein d’entreprises d’assurances de renom. Elles sont encore moins nombreuses à cumuler une expérience panafricaine au même âge. C’est pourtant le cas de Virginie Pouna epse Ngomi. Après plusieurs années passées au sein du cabinet PWC à Paris, cette actuaire qualifiée et certifiée diplômée de l’Institut de statistique de l’Université de Paris, a décidé de retourner dans son pays d’origine : « Je suis rentrée au Cameroun il y a 8 ans avec l’idée farfelue de rendre à l’assurance son rôle social en Afrique », nous confie-t-elle. Pendant 8 ans elle officie au sein du groupe d’assurance Activa. Elle rappelle cette expérience comme un élément essentiel de sa carrière, car elle a pu accompagner le développement du groupe dans des pays tels que la Guinée Conakry, le Ghana, le Libéria, la Côte d’Ivoire, la RDC et bien sûr le Cameroun, tant sur les volets de l’actuariat et du reporting financier que sur la stratégie et l’innovation. Elle est d’ailleurs à l’origine de la création du premier produit de santé d’assurance individuelle au sein du groupe. Elle a également mis en place un programme dédié aux Femmes, avec une étude de marché ayant débouché sur la création d’une gamme d’assurances pour les femmes au Cameroun et au Ghana. Toutes ces expériences ont inspiré l’ex Directeur du Développement, du Retail et de l’Innovation du groupe Activa à devenir entrepreneure et à créer COVA.
COVA entend faciliter et accélérer l’accès aux produits d’assurance, et leurs bénéfices. Selon Virginie, « Pour les clients, acheter de l’assurance est très difficile du fait des longs questionnaires, du langage utilisé, du parcours long et d’une proposition de valeur peu challengée». Les assureurs traditionnels quant à eux ne réussissent pas à créer un modèle disruptif permettant finalement de faire progresser le taux de pénétration de l’assurance qui est aujourd’hui d’1% dans la zone CIMA. De plus, le taux d’adoption de l’assurance en Afrique francophone est passé de 2,78 % à 2 % de 2019 à 2020 alors que la moyenne mondiale a en fait augmenté de 7,20 % à 7,40 % pendant la même période. Pourtant, il ne fait aucun doute que les assureurs en Afrique francophone ont besoin d’adapter leur modèle pour pouvoir conquérir le marché. « Pendant plusieurs années, on a dit que l’Africain n’a pas de culture d’assurance. C’est faux. C’est l’assurance formelle qui peine à se développer », nous confie Virginie. Plusieurs actions à priori simples peuvent être menées pour améliorer la pénétration du marché. Par exemple, baisser la TVA actuelle sur l’assurance maladie au Cameroun – qui est de 19,25 % – contribuerait à rendre l’assurance maladie plus attractive. De plus l’arrivée de nouveaux acteurs tels que COVA ou encore Ayo de MTN permettra de combler ce fossé entre les assureurs et les clients, tout en mettant le numérique au centre de l’accès à l’assurance.
Ce fossé entre les assureurs et leurs clients se confirme par une étude que Virginie et ses équipes ont menée : « Nous avons demandé à 500 personnes dans la rue ce qu’ils feraient en cas de maladie ou accident, et 80% ont dit qu’ils s’appuieraient sur leur épargne ou sur la solidarité : ce n’est pas normal ! ». En effet, pour que les pays, en particulier ceux d’Afrique francophone, parviennent à un développement durable, il faut qu’il y ait un engagement fort des acteurs tels que COVA, pour qui « s’assurer c’est protéger ce qu’on a déjà ».
COVA a un plan quinquennal qui vise à avoir un impact auprès de 20 millions de personnes via les réseaux sociaux, un travail sur le terrain, et des actions auprès des entreprises. Pour cela, Cova se veut d’abord être un accélérateur du processus de souscription ; La fondatrice nous confie avoir mis en place une application web pour faciliter la souscription. COVA souhaite aussi contribuer à l’accélération du processus d’indemnisation des assurés, grâce à son service de « Claims support », consistant à accompagner toute personne ayant besoin d’aide en cas de sinistre maladie, accident et autres aléas. COVA propose également un service de diagnostic et d’option du plan de couverture des PMEs et des grandes entreprises. Enfin, COVA mettra en place des solutions pour des assurances affinitaires et contribuera à l’éducation à l’assurance. Et si vous vous demandez quelle est la valeur ajoutée de COVA, la réponse de Virginie tient en une phrase : « COVA souhaite être du côté des faibles afin de leur proposer le meilleur de l’assurance tant sur le plan produit, que sur le canal de distribution et le service après-vente. ». COVA veut vendre ou faire vendre 1 000 000 de polices d’assurance en 5 ans, dont la moitié à moins de 5$/an.
Virginie est ambitieuse. Pour elle, devenir entrepreneure, n’est pas juste une histoire de tendance, c’est une responsabilité. Dans un pays où l’on trouve insensé de quitter son emploi pour se mettre à son propre compte, elle est convaincue que « créer des emplois et de la valeur est la folie la plus noble». Virginie est aussi une battante qui fait partie intégrante de la famille des GOOGLE BLACK FOUNDERS 2022, lui donnant un accès à un mentorat, du soutien financier et infrastructurel pour accélérer sa croissance. Outre le programme de mentorat, le programme de Google contribuera également à stimuler l’activité. Pour couronner le tout Virginie est visionnaire : « J’aimerai que COVA avance avec la crème de la crème du capital humain d’Afrique francophone dans le monde. J’ai gardé de mon temps au sein du groupe ACTIVA, la conviction qu’avec de bonnes ressources humaines, nous pouvons rivaliser sans complexe avec les multinationales ». Elle lance un appel à toute personne qui souhaite aider COVA à accélérer sa croissance grâce à quelques heures de conseil, des fonds pour tenir encore quelques mois, et pourquoi pas une prise de participation dans COVA ou tout cela à la fois. Attention : L’offre n’est valable que jusqu’en Novembre 2022.