SORO ADJA MARIAM : « Les africains lisent bien plus qu’avant. Sur leur téléphone, sur leurs tablettes, leurs ordinateurs, ils lisent. »

Soro Adja Mariam A.K.A Stella Sanogoh, est une passionnée de littérature qui, après plusieurs années de pratique, a su faire passer les lettres de simple passion à profession, à travers sa reconversion d’auditrice à entrepreneure littéraire. Au-delà de l’écriture et de l’édition, elle a le profond désir de transmettre aux jeunes générations africaines, leur héritage culturel. Et on peut dire qu’elle le réussit bien….

Qui est Soro Adja Mariam ?
Une éditrice jeunesse en Côte d’Ivoire connue sous le nom de Stella Sanogoh en tant qu’écrivain. Stella est mon nom de baptême chrétien et Sanogoh, mon nom de jeune fille. J’ai fait une licence en Audit et contrôle de Gestion puis un Master en Finance et Comptabilité. J’ai travaillé quelques années dans l’audit interne dans une micro finance, avant de me lancer dans l’entrepreneuriat en ouvrant ma propre maison d’édition.

Comment passe-t-on du contrôle de gestion à la littérature ? D’où vous vient cette passion pour le livre ?
La littérature est une passion qui partage ma vie depuis mon enfance. Je lisais beaucoup et j’écrivais déjà des histoires à l’école primaire. J’ai donc aspiré très tôt à évoluer dans le domaine littéraire. Cependant, l’audit a été un métier motivé par mes parents qui ne percevaient aucune stabilité professionnelle et financière dans les métiers du livre en Côte d’Ivoire. Ma réorientation professionnelle est donc un juste retour à ma vocation première. Ma passion pour le livre vient du plaisir que j’ai à découvrir et à raconter des histoires. Au-delà des vertus de la lecture en termes d’éveil et de culture, pour moi le livre est un compagnon, un moyen de voyager, d’explorer le monde et de se redécouvrir.

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Vous êtes lauteure de « Si je te disais » un recueil de nouvelles. De quoi parlent-elles ?
Ce recueil de nouvelles est un ensemble d’histoires narrées par huit femmes, comme des confessions faites au lecteur. L’idée est de montrer à travers ces histoires un pan caché de la vie des femmes actuelles. Il peut paraître sombre, car j’y aborde des sujets comme la violence faite aux femmes, le viol, la fausse couche, le meurtre, le suicide qui sont généralement tus, par pudeur ou par peur du regard des autres. J’y aborde aussi pour contrebalancer avec humour, des sujets plus légers comme la tentation, l’infidélité féminine, la jalousie et la traîtrise. Ces 8 femmes issues de classes sociales et de réalités quotidiennes différentes, tentent malgré tout de rester fortes, avec plus ou moins de succès, car oui, nous avons le droit d’échouer. Ce recueil est là pour dire aux femmes qui vivent des situations tabous, honteuses ou scandaleuses, qu’elles ont le droit de pleurer un bon coup, mais surtout d’aller de l’avant.

Combien de livres avez-vous rédigé et quel est celui qui vous a le plus marqué ?
J’écris beaucoup mais je publie très peu mes écrits ! (Rires)
L’histoire qui me touche le plus est toujours celle que je suis en train d’écrire. Actuellement, j’écris une histoire jeunesse faite de mystères, de traditions et le voyage dans le temps.

Quel est l’objectif de votre maison d’édition Voyelles Éditions ?
Il est simple : transmettre aux jeunes générations africaines, leur héritage culturel, leur proposer des contenus auxquels elles peuvent s’identifier et qui leur permettent de découvrir les civilisations anciennes africaines. Pourquoi ? Parce qu’il est fondamental de savoir d’où on vient pour se construire une identité solide et l’Afrique a besoin de leaders qui la connaissent et qui sont fiers d’elle.

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 Vous avez décidé de vous lancer dans le divertissement à destination des jeunes Africains. Quels sont vos projets et qu’est-ce que vous développez en ce sens ?
Nos produits sont variés, ils vont de la littérature jeunesse, au magazine jeunesse en passant par l’animation et même le jeu. Le webzine jeunesse est venu de l’idée qu’il y a déjà sur internet de nombreuses ressources pédagogiques et culturelles pour les enfants. Nous les associons donc à nos propres créations de sorte à obtenir un ensemble d’activités d’éveil pour les enfants autour d’un point focal : l’Afrique. Vous y trouverez des jeux, des contes, des devinettes, de l’animation, des quiz. Il s’appelle La Récré et est accessible à tous les enfants.

 

Est ce que le fait d’être maman rend plus facile la création de contenus pour les enfants ou cela n’a rien à voir ?
Absolument ! Le fait d’être mère me fait prendre conscience des enjeux du monde actuel et leur impact sur les générations futures, du besoin de transmission culturelle. Je suis à l’écoute de mes enfants, et je sollicite aussi d’autres enfants afin de mieux comprendre leurs besoins et leur univers. Cela est primordial pour qui veut s’adresser à eux de façon efficace. Mon aînée de 8 ans et demi, teste les supports en avant-première. Elle a un regard assez analytique sur mes écrits, tant sur la forme que le fond. Elle et ses amies sont mes premiers critiques littéraires car le regard de l’enfant, sincère et innocent, est toujours instructif.

On dit souvent que les Africains naiment pas lire. Confirmez-vous ce constat ?
J’aime bien cette assertion. Elle était juste il y a quelques années, mais aujourd’hui les choses changent. Les africains lisent bien plus qu’avant. Sur leur téléphone, sur leurs tablettes, leurs ordinateurs, ils lisent. Pour nous éditeurs, c’est un acquis. Maintenant, le challenge est de leur proposer des contenus à réelle valeur ajoutée adaptés à leurs nouvelles habitudes de lecture, notamment le numérique. Pour la question du papier qui a encore sa place sur le marché, le meilleur moyen d’y arriver est de cibler en priorité les enfants qui sont plus ouverts à la lecture sur ce support. Nous espérons ainsi créer en eux des habitudes saines de lecture qui contribueront à leur éveil.

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