Régine Cécile Valérie NGO YONN, Epouse EKWA NGALLE est une dame ambitieuse et déterminée dans son travail. Maman de 2 filles âgées de 11 et 6 ans, elle est la Directrice du Business Development chez Prudential Beneficial Insurance Cameroun. Elle exerce depuis 10 ans dans le domaine des assurances, un secteur peu ou mal connu dans le pays.
Quel est votre parcours professionnel ? Comment avez-vous réussi en 10 ans à asseoir votre expertise dans le secteur des assurances ?
Après avoir vécu 10 Ans en Angleterre, diplômée d’un Master en Comptabilité et Finances et d’un Bachelor Degree en Business Administration de London Metropolitan University, je rentre au Cameroun en 2010 pour apporter mon expérience sur le continent. En cours d’obtention, d’un Master, Manager de L’assurance à l’Ecole supérieure des Assurances, à Paris, mon parcours, commence à Harris Interactive à Londres, en tant que Research Executive et ensuite Project manager à Medefield en Angleterre.
Dès mon retour au Cameroun, j’ai occupé la fonction de Gestionnaire de risques de marché à First Oil Cameroon, la 1ère compagnie nationale de distribution pétrolière au Cameroun. En quête de développement personnel, j’intègre Chanas Assurances en 2012, Leader sur le marché à cette époque pour les assurances IARDT. Initialement recrutée pour le poste de Responsable du Marketing et de la Communication, je suis rapidement dirigée vers le Commercial, au vu de mes compétences relationnelles. Après un an à Chanas, je suis recrutée au poste de Responsable du Bureau Direct à Axa Cameroun en 2013 où pendant plus de 3 ans, j’ai eu le plaisir de gérer et de développer un portefeuille assez important. En 2016, je suis interpellée par Allianz Cameroun pour le poste de Directrice d’agence, dans la mise en place d’un réseau de distribution coorporate avec les agences VIP dont le but sera de s’étendre sur l’Afrique, notamment au Sénégal, puis en Côte d’Ivoire. 4 Ans plus tard, approchée par le Groupe Prudential Benefical pour le poste de Directeur Développement Commercial en charge d’un large réseau de distribution composé de Bureaux Directs, d’Agents Généraux, Bancassurance, et Courtiers, je me suis fixée un objectif face au challenge d’occuper le rang de TOP 10 entreprises Non Vie du marché Camerounais à l’horizon 2025, Prudential Beneficial Life, la compagnie consœur étant la 2ème Compagnie Vie sur le marché camerounais après Allianz.
Quel est le profil type du client de Prudential Beneficial aujourd’hui ?
Connaitre le profil de chaque client est primordial pour mener à bien les activités d’une entreprise. En effet, les clients ont chacun un comportement qui leur est propre. Je fais référence aux comportements d’achats, d’attentes spécifiques au niveau du SAV.
Les profils sont répartis entre à les entreprises (Coorporate, PM, PE et GE), les organismes d’état, les ONG, les particuliers repartis en 3 segments, dont les plus aisés, la classe moyenne, et une classe moins aisée. Sachant que le taux de pénétration n’est que 2% et que la culture de l’assurance est encore très loin des standards internationaux. Les jeunes sont également un profil type, surtout avec le produit Degree Insurance que nous venons de mettre sur le marché camerounais en partenariat avec MTN.
Comment intéresser monsieur ou madame tout le monde aux produits d’assurance ?
Nous avons en Afrique un problème de culture pour commencer, et de manière générale les assureurs comme les banquiers peuvent être perçus d’un mauvais œil. Par conséquent, en tant qu’assureur, nous devons avoir des offres très attractives tant par le prix, que par la qualité du service après-vente. Nous devons aller dans des zones à forte densité afin d’atteindre la masse. A Prudential Beneficial, la communication et le marketing sont des atouts qui ont impacté de façon assez positive la croissance de notre chiffre d’affaires. Depuis l’arrivée de Prudential dans le groupe Beneficial au Cameroun en 2019, nous avons vu le changement en termes de perception de nos clients et partenaires, qui font désormais face au nouveau dynamisme qui se fait ressentir à travers nos pages Facebook et LinkedIn mais également lors d’événements tels que la coupe d’Afrique des nations où nous étions sponsor officiel.
Alors la question qui se pose est la suivante, une fois que nous avons réussi à intéresser un potentiel client, comment le fidéliser ?
Il y a 3 moyens de fidéliser ses clients. A travers des leviers monétaires (primes, promotions, remises, tarifs dégressifs…), la qualité de la relation client (qualité du service client, valorisation de ses clients fidèles, programme de fidélité, parrainage…) et maximiser les leviers d’engagement et de conversation en digital (réseaux sociaux, newsletter et emailing, chats…).
Les clients, sociétaires sont de plus en plus incités à faire marcher la concurrence. Pour autant, le coût de rétention est de loin bien inférieur au coût d’acquisition. En santé, l’arrivée de la résiliation infra-annuelle va encore accélérer ce phénomène. Fidéliser est donc indispensable car il est toujours plus facile de conclure une vente quand la relation est déjà établie.
Quel est votre plus grand challenge en tant qu’assureur au Cameroun ?
L’économie camerounaise a amorcé vers la fin de la décennie 90 une croissance qui ne demande qu’à être soutenue dans la perspective de la lutte contre la pauvreté et l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). De plus, l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative Pays Pauvres et Très Endettés (IPPTE) place le pays dans des conditions optimales de relance économique et partant de promotion des investissements. Aussi, reste-il aux pouvoirs publics d’envisager l’assainissement du cadre macroéconomique des affaires pour créer un cadre incitatif propice à l’investissement, lui-même moteur du développement économique. L’exercice optimal du service des assurances participe inéluctablement de l’attractivité du pays en matière d’investissements.
En dix ans, le nombre d’entreprises d’assurance au Cameroun a presque doublé passant de 9 opérateurs avant l’entrée en vigueur du code CIMA à 17 après son entrée en vigueur, soit une augmentation d’environ 89%. Cependant, la diversification des offres de services dans le secteur n’a que très peu variée. On peut dès lors s’interroger sur la compatibilité du service des assurances au Cameroun avec les objectifs de relance et de soutenabilité de l’économie.
La principale faiblesse pour nous réside dans la faible couverture des champs d’application de l’assurance au Cameroun, la non prise en compte des difficultés juridiques liées à l’exercice de la fonction d’assureur au Cameroun, difficultés pourtant consubstantielles à l’assainissement du secteur.
Comment faites-vous rentrer les nouvelles technologies dans vos services ?
Le secteur de l’assurance est touché de près par la « révolution technologique ». Confrontés à de nouveaux défis, les assureurs se basent de plus en plus sur les données numériques, le big-data et l’internet des objets pour réinventer leurs produits.
Nous innovons sur:
- Les « contrats intelligents » qui permettent d’indemniser ou d’assister l’assuré dès la survenance d’un sinistre. Le client reçoit une notification d’alerte de son assureur pour le paiement de son sinistre. Dans le texto, sont notés les numéros utiles et toutes les indications sur les services proposés par l’assureur.
- Les dommages corporels sont également assurables à la journée avec des polices individuelles pour accidents. Ceci se révèle bien pratique pour les personnes qui s’essaient aux sports à risque comme l’escalade ou la plongée.
- L’assurance connectée se base, elle aussi, sur les nouvelles technologies. Son avantage est la possibilité de baisser les tarifs sans toucher aux garanties. En contrepartie, l’assuré doit accepter un monitoring très poussé.
Le nombre de paramètres étudiés par l’assureur est tel, que sans l’aide de l’intelligence artificielle, ce type de contrats ne peut être géré.
Nous travaillons actuellement sur une application mobile qui permettra aux assurés d’avoir accès à leurs polices tant au niveau de la souscription que la réclamation.
Grâce aux nouvelles technologies, l’assurance connectée a trouvé sa place dans le domaine de la complémentaire santé avec l’e-santé.
Dans l’e-santé avec notre application PULSE, le modèle de tarification se base sur l’analyse de la qualité de vie. La compagnie d’assurance accède aux données relatives au quotidien de l’assuré : activité physique journalière, nombre de pas parcourus, régime alimentaire, etc.
Vous êtes un spécialiste de l’assurance vie, est-ce un produit vraiment prisé ?
Je dirai OUI. Et c’est une de nos forces. Dans tout le groupe PRUDENTIAL, l’assurance vie est commercialisée dans 8 pays en Afrique. Souvent confondue avec les assurances décès, l’assurance-vie est une solution d’épargne permettant de faire fructifier un capital existant ou de le constituer progressivement. La grande majorité des contrats proposés sont des contrats dit multi-supports sur lesquels vous trouvez : le produit d’épargne idéal pour préparer vos projets pour financer les études de vos enfants, ou alors préparer votre retraite. A cela se rajoute un cadre fiscal avantageux.
Les produits tels que la rente éducation, l’indemnité fin de carrière, et le « Degree insurance » sont quelques produits phares que nous commercialisons.
L’assurance vie vous permet d’épargner en faisant fructifier votre argent. L’assurance décès protège vos proches moyennant une cotisation.
Comment utiliser l’assurance vie comme asset pour monter un Business ?
On entend à l’occasion parler d’assurance vie comme outil d’investissement. Comme je l’ai déjà mentionné, l’utilisation d’une police d’assurance vie en vue de la retraite avec une stratégie de prêt en collatéral (hypothèque mobilière) demande de grandes précautions. Par contre, lorsqu’on parle de la génération suivante, il en va autrement. S’il y a une volonté successorale, il est alors possible de considérer une police d’assurance vie comme outil d’« investissement ». Avec une composante d’incertitude additionnelle relative au moment où le capital-décès sera reçu, cet outil constitue une espèce de « revenu fixe ».
C’est une sorte d’économie qui peut permettre à l’assuré d’investir dans la création d’un business, participant ainsi au développement de l‘économie.
Comment est-ce que l’assurance peut avoir un impact sur l’inclusion financière ?
L’assurance inclusive protège les ménages et favorise la croissance économique car elle aide à faire une réelle différence dans la vie des populations en les protégeant contre une diversité de risques et en leur permettant ainsi de saisir des opportunités et de sécuriser leurs moyens d’existence.
Rendre les marchés d’assurance plus inclusifs favorise l’activité entrepreneuriale et renforce la résilience des ménages. L’assurance est un élément omniprésent de la vie des pays riches mais largement absent de la vie des pays en développement. C’est pourquoi les décideurs politiques et les bailleurs de fonds du développement cherchent à promouvoir l’assurance en tant qu’instrument capable de faire progresser l’inclusion financière et les objectifs de développement.
En fait, l’assurance inclusive contribue aux objectifs de développement par deux voies. Même si l’assurance n’est qu’une des nombreuses options de gestion du risque et d’utilisation des services financiers, elle peut servir d’outil catalyseur. Particulièrement lorsqu’elle est combinée à d’autres services financiers, comme le crédit ou l’épargne, l’assurance peut devenir un catalyseur à la fois pour le développement du secteur financier et de la santé, et pour la résilience des ménages.
Un effet qui se traduit ensuite dans l’amélioration des conditions de vie des populations. L’assurance favorise l’accès au marché et l’activité entrepreneuriale, ce qui contribue au développement du secteur agricole, financier, des PME et de la santé.
Par la voie de protection, l’assurance protège les populations des conséquences des événements à risque et améliore par-là la résilience des ménages face aux chocs. En ce qui concerne l’effet de protection, les populations pauvres et les femmes tirent un bénéfice de l’assurance et de l’inclusion financière en général car elles les protègent des conséquences économiques dommageables des événements à risque.
Quelles sont les actions que Prudential Beneficial mènent pour éduquer les Populations à l’intérêt de l’assurance ?
A Prudential Beneficial General, nous vendons des assurances qui permettent de prévenir et de mieux maitriser les coûts face à certains sinistres dont les accidents de la route, les incendies, les vols et les dégâts des eaux. Pour les professionnels, les assurances communément appelées Responsabilité Civile et Multirisque Professionnels, permettent à ces chefs d’entreprises de protéger leurs biens et leur personnel. Nous avons plusieurs chantiers dans la ville qui nécessitent à tout prix une couverture TOUS RISQUES CHANTIERS, les protégeant ainsi, de tout sinistre qui pourraient survenir. Notre Produit AUTOMIXHABITATION, intègre dans l’assurance auto, une assurance Multirisque Habitation, incluant une assurance Responsabilité Civile Chef de famille.
Avant l’avènement de la COVID 19 au Cameroun, Prudential Beneficial a été l’une des seules compagnies sur le marché à aider ses clients à profiter du meilleur de la Vie, face à la pandémie, les soins et hospitalisations étaient pris en charge. Nous n’avons pas tourné le dos à nos clients et ils ont apprécié ce geste accentuant notre responsabilité Sociétale.
Nous avons sur le terrain plus de 1000 agents commerciaux qui vont dans les villes et les villages des fois sans accès facile pour développer et éduquer ces populations qui n’ont pas la culture de l’épargne et donc de l’assurance. Lors des recrutements de nos agents, nous les formons sur les valeurs de l’entreprise (L’empathie, le courage, la curiosité, l’ambition et l’agilité), certes, mais sur la nécessité et les bénéfices liés à la commercialisation des produits d’assurance tel qu’énumérés précédemment.
Face au risque, un premier outil que Prudential Beneficial utilise est la prévention. L’objectif est alors d’expliquer aux individus les risques auxquels ils font face et les conséquences de ces risques afin que les conduites à risque soient évitées. Cette prévention est à l’œuvre dans l’éducation des enfants mais elle peut aussi être menée par les pouvoirs publics. C’est ainsi que des campagnes d’information et de sensibilisation peuvent porter sur des risques spécifiques : alcoolisme, accidents de la route, etc.
Pour se protéger des risques, les prospects peuvent aussi chercher une diversification du risque. Il s’agit ici de se prémunir en « ne mettant pas ses œufs dans le même panier ». C’est une technique souvent recommandée pour se couvrir du risque financier.
Enfin, la mutualisation des risques est un principe important en assurance : l’idée est de partager les risques pour que ceux qui les subissent bénéficient de l’aide des autres. On fait référence ici à l’assurance santé.
Comment voyez-vous le monde de l’assurance évoluer au Cameroun à horizon 5 ans ? 10 ans ?
Selon les prévisions du FMI, l’Afrique subsaharienne devrait devenir l’une des régions les plus dynamiques au monde après les pays d’Asie. Depuis le début des années 2000, la croissance économique s’y accélère.
Autant de bonnes raisons pour les assureurs de renforcer leurs positions sur ces marchés. De par leur présence historique sur le continent, les opérateurs internationaux y ont une carte à jouer, au côté de grands groupes africains structurés et déjà leaders sur certains marchés.
L’évolution de la croissance démographique et l’émergence d’une classe moyenne vont faire de l’assurance santé un marché stratégique, tout comme les grands chantiers en cours qui dopent le marché des grands risques industriels.