JULIE EKAMBI : 《IL FAUT SE FAIRE CONFIANCE…》

Julie EkAMBI

D’une curiosité à une passion pour en faire un métier, son histoire avec la fonction de RH est peu commune mais tout aussi captivante. Elle parvient, non sans avoir surmonté découragement, inquiétudes et angoisses, à vivre de ce feu qui brûle  en elle depuis plus d’une décennie déjà: les ressources humaines. Voici le portrait d’une ambitieuse et téméraire qui aspire au meilleur pour elle et pour son secteur d’activité.

 

*Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs*

Je suis Julie EKAMBI, j’ai 35 ans, mariée et maman de 03 magnifiques filles. Je suis titulaire d’un Master en Gestion des ressources humaines avec une spécialisation en Développement & Gestion des carrières. Ça fait près de 11 ans que je travaille dans le domaine des RH. Actuellement en poste chez Sopra Banking Software où je travaille sur le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

 *Parlez nous de votre parcours*

Je pense avoir un parcours plutôt classique. J’ai eu un bachelor en sciences économiques avec pour rêve de devenir une grande avocate un peu comme dans les films. Puis en aventurière et par curiosité, je me suis lancée dans un master en ressources humaines.
En 05ème année, ma prof de ressources humaines m’a aidé à trouver un stage professionnel chez Laboratoire Roche à Casablanca. Stage qui s’est plutôt bien passé et à aboutit à un CDD comme assistante RH_Recrutement. Je travaillais en journée et je fréquentais le soir pour finaliser ma spécialisation. C’était une période assez rude mais qui je pense m’a apporté de bonnes bases pour la suite.
Je suis rentrée au Cameroun en 2013 avec mon master et spécialisation en poche, et de très grands rêves en tête. …Je devais être DRH…comme ma cheffe de l’époque (ce qui est toujours mon rêve et principal objectif aujourd’hui d’ailleurs).
La réalité étant tout autre, j’ai dû faire face à une longue période de chômage (09 mois) malgré mon assiduité dans ma recherche d’emploi. La désillusion totale.
Finalement, je décroche un stage professionnel à l’hôtel le Méridien (à l’époque) ce qui m’a redonné de la pêche, et un peu d’espoir pour la suite. Après ce stage, je suis passée chez Tractafric Motors où je travaillais essentiellement sur la Gestion des carrières, Cabinet Okalla Ahanda dans le domaine de la formation, Kalfrelec (mon expérience la plus enrichissante car c’était la première fois que je touchais à tous les domaines RH en même temps, au poste de responsable Administrative et RH. Depuis 5 ans je suis chez Sopra Banking Software, je continue de faire mes classes en attendant d’atteindre l’objectif que je me suis fixée, il y a 10 ans en rentrant au Cameroun.

*Pourquoi le choix des ressources humaines*?

Par curiosité tout simplement. Je venais de terminer mes classes préparatoires et je n’avais pas une idée claire pour la suite de mes études. Mes parents m’ont aidé à trouver un stage de vacances au Brasseries du Cameroun. Par chance ou par malchance, je suis affectée au service des Ressources Humaines. A cette époque, je les trouvais ennuyeux les RH, les journées paraissaient longues et interminables.
Pourtant, quand j’allais dans le bureau du chef de service régional qui est l’un de mes mentors depuis cette période de ma vie, il était toujours occupé, il fallait insister pour arriver à caler une minute avec lui. Quand il sortait de son bureau, soit c’était pour donner du boulot à un de ses collaborateurs, soit pour sa pause, soit pour rentrer chez lui. Ça m’intriguait à chaque fois, un jour, j’ai pris mon courage à deux mains, et je suis allée le voir sans prendre rdv. Et je lui ai simplement demandé : qu’est-ce qu’il fait de ses journées pour être autant occupé ? On ne le voit presque jamais pourtant les autres collègues ont la plupart du temps, la tête dans de gros bouquins, Le code du travail etc…ou alors ils font de la paperasse, ou ils sont devant leurs écrans sur des fichiers bizarres. Et il m’a dit : « Les RH ce n’est pas la littérature, ce n’est pas le Code du travail, c’est le cœur d’une entreprise. » Essaye d’imaginer qu’elle peut être ma joie de savoir que cette grande entreprise est leader dans son domaine parce que nos ressources arrivent à se mobiliser et sont suffisamment engager pour donner le meilleur dans leur travail au quotidien. Cela va bien au-delà de la maîtrise d’un texte du Code du travail. Après notre discussion, je pense que je suis sortie de son bureau avec l’envie de découvrir ce métier, de comprendre ce qu’est le métier de RH ?

 *Qu’est ce que l’audace d’après vous?*

L’audace pour moi, c’est d’abord être soi-même, avoir le courage de s’assumer tel qu’on est ? de dépasser les limites conventionnelles imposées par la Société.

*On dit des femmes qui managent qu’elles sont acariâtres, méchantes, dures. Que pensez-vous de cette assertion?*

e type de phrase pour moi, dénote juste les différents préjugés de la société (hommes comme femmes). Le caractère d’une personne ne se détermine pas par son genre. Il s’agit là des mentalités que nous devons désormais changer autour de nous. Et à mon avis, l’éducation est très importante dans cette conduite du changement. J’entends par là, l’éducation à un niveau primaire, c’est-à-dire éduquer les plus jeunes, filles comme garçons sur la place de la femme dans notre société. En se disant qu’on a tous besoin d’être dans un monde égalitaire où les hommes et les femmes jouissent des mêmes droits.

*Les femmes sont moins enclines que leurs homologues masculins à réclamer position, revalorisation salariale ou meilleure visibilité. Pourquoi selon vous?*

Je pense que la difficulté se trouve dans le manque de confiance accrue des femmes envers elles-mêmes. Est-ce que cela est lié à notre société? à comment est-ce que les femmes ont grandi ? Comment est-ce qu’elles ont été éduquées? Parce que nous savons que la société a toujours donné des codes, des règles aux femmes, des choses à faire et à ne pas faire aux filles quand elles sont plus petites, en laissant toujours plus de libertés aux garçons. Je n’ai pas une science exacte sur le sujet mais cela reste une réalité. Maintenant que nous avons plus conscience de cette réalité, il est important de définir et prendre des actions qui sont concrètes. Ce qui revient à ce je disais, cela devrait commencer par l’éducation, il faut changer la manière dont on éduque les filles et les garçons aujourd’hui. Ensuite il y’a l’accompagnement, je prends le cadre de l’entreprise et en tant que RH dans une entreprise IT, nous avons en priorité che Sopra de briser les barrières autour du métier IT considéré très souvent comme un domaine réservé aux hommes. Nous avons un taux de féminisation de notre management qui accroit de plus en plus, et une politique RH interne qui respecte l’accord d’égalité homme/femme. Des actions qui nous permettront sur du long terme de changer la place de la femme dans les mœurs.

*Est-ce que vous avez senti parfois à des moments de votre carrière que votre qualité de femme pourrait être un obstacle?*

Malheureusement, si on va parler d’une expérience très personnelle, oui je l’ai déjà ressenti. Et le plus important, ce n’est pas ce que j’ai ressenti et où je suis restée. Déjà en tant qu’être humain, on fait tous face à des obstacles de manière générale. Et même les hommes peuvent faire face à des obstacles, ce n’est pas juste une question de femmes. C’est vrai que quand on est une femme, cela peut être beaucoup plus accentuée parce que l’on peut faire face à des problèmes de harcèlement au bureau, de discrimination etc… des actes souvent plus difficiles à gérer pour des femmes. Donc je pense que la sensibilisation c’est moins parce qu’on est femme, que l’on fait face à tous ses défis. Il y a des préjugés c’est vrai, de certains hommes et même de certaines femmes dans des organisations vis-à-vis d’autres femmes. Donc, à ce niveau, je pense que nous devons beaucoup plus travailler sur tous ses préjugés là. Comme celui de tout à l’heure par exemple, qui disait que la femme qui est leader est forcément acariâtre, autoritaire, méchante…etc. Ce qui n’est pas forcément vrai. Il faut travailler sur tous ses préjugés qu’ils soient conscients ou inconscients. Il faut également accompagner les hommes et les femmes, parce que très souvent dans les organisations, l’on met un focus sur les femmes en ne pensant pas à faire des programmes où les hommes doivent également comprendre qu’ils ont des préjugés qu’ils soient conscients ou inconscients auxquels ils doivent faire face.

*Quel conseil donneriez-vous aux personnes qui souhaitent évoluer en entreprise et n’ont pas l’audace d’essayer?*

Déjà quand vous dites « n’ont pas l’audace d’essayer. » c’est déjà une question de volonté.
Donc je pense qu’il faut premièrement travailler sur son mindset, sur sa confiance en soi. On doit avoir la volonté d’évoluer, de grandir, au lieu d’être toujours en retrait, de fuir les opportunités de se mettre en avant au travail…ce qui nous ramène toujours à la confiance en soi. Je pense que quand on a confiance en soi, on peut déplacer des montagnes. Malheureusement, la confiance en soi ne s’acquièrt pas aussi naturellement qu’on peut le penser, ça se travaille.

Donc deuxièmement, il faut un accompagnement. Les entreprises devraient être en mesure de pouvoir développer des programmes d’accompagnement, de coaching pour pouvoir développer cette confiance en soi qui permet d’avoir cette audace.
Chez Sopra par exemple, nous avons un dispositif de management RH composé de différents acteurs dont le mentor, qui est là pour accompagner le collaborateur sur son évolution professionnelle mais aussi son développement personnel.
Moi particulièrement, j’ai eu une longue période où je manquai énormément de confiance en moi, j’avais de la volonté, de la motivation mais pas vraiment de confiance en moi. Heureusement pour moi, j’ai rencontré mon second mentor chez Sopra qui m’a énormément accompagné et qui continue de m’accompagner sur ce sujet. En parallèle, je continue de travailler chaque jour sur le sujet en me documentant via internet, avec mon coach personnel etc… tout ca pour dire que la confiance en soi est très important dans son developpement personnel, et se travaille chaque jour pour espérer atteindre ce niveau d’audace de faire bouger les choses pour soi et autour de soi.
En résumé, à ces personnes, Je leur dirais de croire un peu plus en elles, de se faire accompagner si possible, de se documenter via internet sur des cours, des astuces pour travailler la confiance en soi., d’avoir de la volonté. Pour moi, tant qu’on a confiance en soi, qu’on a la motivation, de la volonté et que l’on se sent capable de relever un challenge. Il faut en parler, le faire savoir à sa hiérarchie, quitte à avoir un refus. Et même après un refus, il faut continuer de se faire confiance, croire en soi et avancer selon ses convictions. Comme j’aime le penser, l’on ne devrait avoir que le ciel comme limite.

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