AFRIMARKET : À LA CONQUÊTE DU MARCHÉ AFRICAIN

« Pardon ma sœur, tu ne vas pas me faire un Western Union ? Ma tante est malade », « Gars je suis moisie, envoie moi les dos pour buy le mouton de la tabaski non ? »*** Que l’africain qui a quitté son pays pour résider à l’étranger et qui n’a jamais entendu une phrase de ce genre se lève ou se taise à jamais !

Selon la Banque Mondiale, la diaspora a injecté environ 60 milliards de dollars dans les économies africaines en 2012. Un chiffre en constante augmentation. Pour certains économistes cette communauté d’expatriés constitue même la 6ème région économique du continent après la Communauté Economique d’Afrique Centrale (CEMAC), la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), L’Union du Maghreb Arabe (UMA), la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC), et le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA). Cette diaspora à travers des flux monétaires formels ou informels participe activement au PIB de leurs pays d’origine. Ces transactions ont été pendant plus de deux décennies assurées par les leaders américains : Western Union et MoneyGram.

Afrimarket 2Cependant, les ressources monétaires envoyées sont souvent détournées par les familles et ne sont pas toujours utilisées pour les raisons prévues. Partant de cette observation, Rania Belkahia, Francois Sevaistre et Jeremy Stoss ont décidé de créer AfriMarket. Pour se démarquer de ses concurrents, Afrimarket se positionne comme un service de transfert d’argent « Cash to goods ». Le principe est simple : transformer l’argent de l’émetteur en bien de consommation pour le destinataire. Grâce à des partenariats avec près de 300 commerces et une équipe de 35 salariés dont 15 en Afrique, l’argent envoyé se transforme en bons d’achats dans les pharmacies et supermarchés. Afrimarket a réussi à s’imposer comme le leader sur ce marché. Présente au Sénégal, Togo, Bénin en Côte d’Ivoire et en France, la jeune start-up de deux ans entend s’étendre au Cameroun et au Mali cette année.

Rania Belkahia parle de Afrimarket

Orange & Afrimarket : un « mariage gagnant-gagnant ».

Il a quelques jours, suite à une levée de fonds, le groupe français Orange s’apprête à placer un million d’euros dans Afrimarket. Un investissement qui s’accompagnera d’une participation au développement de l’entreprise ; une collaboration profitable à ces deux acteurs qui officient dans le transfert d’argent.

En effet, la start-up peut ainsi bénéficier du réseau de consommateurs d’Orange, important sur le continent et en particulier ceux qui utilisent « Orange Money », soit 10 millions d’individus. Ce portefeuille électronique, qui permet à son utilisateur d’acheter des biens et services est directement inspiré par le système de mobile banking kenyan, M-Pesa.

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De son coté, Orange qui souhaite ouvrir son service « Orange Money » En France pourra grâce à Afrimarket, faire le pont entre la France et l’Afrique. Un axe stratégique de développement pour le groupe de télécoms.

Malheureusement, les activités des deux protagonistes se limitent à la France et à quelques de ses anciennes colonies. Impossible donc pour un tanzanien à Paris d’envoyer de l’argent à sa famille. Cette nouvelle alliance prouve que le faible taux de bancarisation sur le continent africain, qui selon un rapport du Forum Economique Forbes Africa de 2014 avoisine les 11%, favorise le développement d’alternatives telles que le payement électronique. Ce marché qui attire toutes les convoitises, a encore d’énormes potentiels de développement. Il pourrait en plus de faciliter le quotidien de millions d’usagers, rapporter …des millions de dollars.

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*** « S’il te plait ma sœur, peux-tu m’envoyer un peu d’argent ? Ma tante est malade », « Je suis fauchée, envoie moi un peu de sous pour acheter le mouton pour la Tabaski ».

Crédits photos : Page Facebook Afrimarket

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