Elle a seulement 38 ans, mais est déjà un grand nom de Nollywood. Sur la panoplie des oeuvres présentées lors du dernier Festival Nollywood à Paris, elle a produit un film (The First Lady) et est apparue dans trois (Lunch Time Heroes, Fifty, The First Lady). Ce qui ne représente qu’une infime partie de son travail. Son sourire a illuminé la salle lorsqu’elle est apparue tressée et au naturel, pour remercier l’assistance pour le prix du public du festival qui lui avait été décerné. Nous avons eu le plaisir d’interviewer cette actrice, productrice et maman de trois enfants, qui malgré le succès, garde un œil lucide sur l’industrie du cinéma Nigérian.
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Si vous deviez décrire Nollywood en trois mots, quels seraient-ils?
Dynamique, ingénieuse et évolutive
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans le cinéma?
La passion! J’ai toujours aimé jouer la comédie et une grande partie de ce que je fais maintenant est ce que je fais depuis l’école primaire et secondaire : jouer, produire, scénariser et diriger. J’ai la chance d’avoir vu l’émergence de l’industrie à l’époque avec la sortie du film, ‘Living In Bondage’, qui a préparé le terrain pour ce que nous appelons aujourd’hui Nollywood. Il était impossible pour moi de travailler dans une autre industrie après que le terrain ait été préparé. Donc, en 1996, pendant ma première année d’université, je suis venue à Lagos pour essayer de mettre la main à la patte, mon talent a été découvert et nous voici.
Quelle est la plus grande difficulté dans votre travail?
Nollywood s’est construite sur les efforts individuels de Nigérians ordinaires utilisant leurs propres ressources, pour faire des films qu’ils voulaient voir passer à l’écran, dans l’espoir de faire du profit. L’argent a donc toujours été un défi. Lorsque vous travaillez avec un budget serré et que vous savez que le film aurait été mieux si vous aviez eu plus de ressources, ça peut être frustrant. Des ressources comme l’argent ou encore des lieux propices pour une meilleure qualité d’image et de son sont nos défis quotidiens. Mais tout cela a seulement servi à rendre certains d’entre nous encore plus déterminés, et aussi à se débarrasser de ceux qui n’avaient pas les côte assez solides pour mener le combat.
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Pensez-vous que les films de Nollywood peuvent conquérir le monde?
C’est déjà le cas. Nous témoignons tous les jours de l’accueil chaleureux de nouveaux fans dans chaque pays, qui nous disent qu’ils aiment ce que nous faisons. Cela conduit beaucoup d’entre nous à se donner encore plus afin d’améliorer la manière dont sont perçus nos films en comparaison aux films des autres industries. Donc oui, je crois que nos films peuvent conquérir le monde parce que nos histoires et la manière dont nous les racontons sont uniques. Avec le temps, nous offrirons au monde une véritable alternative de narration, et nous occuperons les salles de cinéma du monde entier.
Comment Nollywood peut-il conquérir un nouveau public et de nouveaux cinémas dans le monde?
En gardant son originalité. Rome n’a pas été construite en une journée. Plus nous sommes persévérants, plus nous professionnalisons nos méthodes de travail, plus nous racontons notre histoire et célébrons l’Afrique, et plus vite nous pourrons commencer à cueillir les fruits de notre labeur. Beaucoup d’entre nous le faisons déjà en essayant de produire des films qui peuvent être appréciés par tous les publics.
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Vous avez gagné le prix du public au festival Nollywood Week à Paris. Qu’est-ce que ça fait d’être reconnue dans un pays francophone pour un film avec 80% de pidgin?
J’étais tellement excitée! Je ne pouvais pas le croire! C’est toujours si bon d’être appréciée par ce que vous faites, ce que vous aimez faire. La partie anglaise du film était d’abord un sujet de préoccupation pour moi, surtout avec une majorité de non-anglophones dans la salle. Mais comme je l’ai dit plus tôt, notre originalité saura bientôt séduire le reste du monde. En racontont nos histoires, nous devons rester authentiques. Le message, les croyances, la culture, le langage corporel doivent permettre aux spectateurs de vivre une expérience 100% nigériane. Je veux que les gens qui visionnent nos films se laissent emporter dans notre culture, comme ils pourraient l’être lorsqu’ils regardent des films indiens, chinois ou américains. Ce prix, je le chéris car il est la preuve de mon propos : Nollywood peut séduire la planète entière tout en restant fidèle à ses valeurs.