LES JEUX DE SOCIÉTÉS MADE IN AFRICA : Une industrie qui se développe entre modernité et nostalgie du passé.

L’Afrique est surtout connue pour sa joie de vivre. Côté ludique, elle est aussi diversifiée et riche que son sol. Cependant, cette richesse (ludique) transmise de génération en génération par l’oral se perd peu à peu. Dans les supermarchés d’ici et d’ailleurs, le Monopoly, les échecs, les cartes, le Ludo, etc. ne sont jamais en rupture de stock dans les rayons jeux quand les jeux africains eux, sont totalement inexistants. Il en est de même pour les jeux mobiles et vidéos, du moins en étaient, parce que oui, la donne a changé depuis un bout déjà. Les africains qui réinventent les jeux de leurs enfances et ceux qui africanise les jeux européens dans le but de faire connaître et aimer leur continent par tous, voici quelques jeux de sociétés made in Africa qui vous rendront nostalgiques et aideront vos enfants où qu’ils soient à mieux connaître leurs racines.

L’industrie du divertissement made in Africa est résolument en marche depuis près de deux décennies déjà et les innovations rivalisent d’originalité et de modernité dans la valorisation de la culture africaine. L’originalité, elle est le propre de l’Afrique. Ceux qui y ont grandi sont certainement pleins de nostalgie lorsqu’ils repensent à leurs heures de récréations avec les camarades ou les journées rythmées et transpirantes avec les frères et les sœurs.

                                               

LE SONGO OU L’AWALÉ

C’est le jeu de société le plus connu et le plus répandu en Afrique et dans le monde. En Afrique centrale, c’est l’apanage du peuple Ekang qui le nomme Songo et qui se joue généralement autour d’un verre de vin de palm frais. En Afrique de l’Ouest, il prend diverses dénominations en fonction du pays, Awalé en Côte d’Ivoire, Adjito au Bénin, Ayo au Nigéria, Wure au Sénégal, Igisoro au Rwanda, Mancala au Kenya, Ouril au Cap vert, Sija au Tchad, Wari au Caraïbes, etc. C’est un véritable jeu de stratégie africaine qui garde les mêmes règles dans toutes les régions et se composent de 12 cases (sauf au Cameroun où il est composé de 14 cases) sur un plateau rectangulaire divisé en deux de sorte à former des paires et se joue avec des billes.

LE MBANG OU L’AMPE

Le Mbang (Cameroun) ou encore l’Ampe (Ghana, Togo, Bénin, etc.) plus connue sous le nom de claquette, c’est le jeu qui a rythmé l’enfance de la majorité des filles du primaire au lycée. L’avantage avec ce jeu c’est qu’il peut avoir plusieurs déclinaisons et peut prendre autant de joueuses que possible mais il en faut deux minimums. Il consiste principalement à battre des mains et à lancer un pied en avant au même moment et en fonction de la correspondance du pied, une des joueuses marque des points et peut en marquer autant que possible. Un maximum de points atteint donne une vie, par exemple, chaque fois qu’une joueuse atteint dix points, elle accumule une vie de plus et peut continuer de rester dans le jeu si elle perd le prochain tour et peut même donner sa vie à une membre de son équipe (Cameroun).

LE KUDODA OU LE CAILLOU

Le Kudoda est originaire de l’Afrique et du Sud avec des variantes dans d’autres régions d’Afrique notamment au Centre où il est connu sous le nom de jeu de Caillou (Cameroun). Le principe reste le même : lancer un caillou en l’air et avant qu’il n’atterisse, ramasser le maximum de caillou au sol et rattraper celui lancé. Au Cameroun, c’est par niveau (1-6+), le joueur commence par lancer un caillou en l’air et en attrape un autre avant de rattraper le premier. Une fois cette étape passée, il passe à deux, puis trois et ainsi de suite. Cette variante donne la possibilité d’avoir un seul joueur. En Afrique de l’Est, il faut au minimum deux joueurs et une vingtaine de caillou dans un cercle, celui qui en attrape le plus gagne. La compétition, la finesse, la concentration et l’agilité sont les principaux atouts nécessaires pour briller dans ce jeu.

LA MARELLE OU LE POUSSE PION OU LE PARADIS

Principalement présent en Afrique centrale, le ciel est le mot de la fin. Il se joue principalement avec le noyau d’une mangue ou tout autre objet petit, léger et plat appelé « Pion ». Un carré coupé en quatre cases (appelé case) et un arc de cercle au-dessus du carré appelé « Paradis/Ciel ». Le pion est lancé dans une case et poussé dans les autres du bas vers le haut et de gauche à droite jusqu’à la dernière case. Une fois terminé, le joueur fait le tour des cases en sautant d’une case à l’autre en aller et retour. Il se place ensuite dos tourné aux cases et lance le pion jusqu’à ce que le pion tombe dans la case du « Paradis ». Un jeu demande de la détermination, de la concentration et une excellente habileté tant de la main que du pied.

                                             

Damier Fanorona

LE DAMIER/ LE FANORONA

À quelques exceptions près, l’un est une variante de l’autre mais ce qui est sûr, le concept (le damier) bien né en Afrique (Egypte antique) et importé en Europe par les Arabes au moyen âge quand le Fanorona lui est un jeu traditionnel malgache. Le damier est composé de 10 cases sur 10 avec deux couleurs qui alternent sur toutes les lignes et le Fanorona un tableau de 5 rangs et 9 colonnes et des pierres de 2 couleurs (22 pour chaque couleur) avec un trou comme centre. Pour le reste, le principe reste quasiment le même. Une fois encore, la stratégie, la concentration et la compétition sont grandement développées chez ceux qui y sont adeptes.

LE NDOH-CHI

Deux joueuses visent une autre placée au centre, cette dernière doit esquiver la balle de part et d’autre et ranger par paire, les babouches dispersées de gauche à droite sur une seule ligne. Lorsque la joueuse du milieu attrape la balle, elle le lance assez loin et les autres doivent aller la chercher tandis qu’elle gagne en tant dans le classement des babouches. Le concept de vie est assez développé ici. En effet, lorsque la joueuse du milieu termine de ranger et de déclasser les babouches sans se faire toucher par la balle, elle gagne une vie. Lorsqu’il est joué en groupe, on parle de famille et dans chaque famille, la meneuse est considérée comme la mère et les autres, les enfants. Plus vous avez de nombre de vies, plus votre famille joue et chaque fois que la balle vous touche, vous perdez une vie jusqu’à la mort.

POILS D’ANIMAUX/NYAMA-NYAMA

C’est l’un des jeux les plus répandus en Afrique et dans le monde. Il prend aussi diverses formes en fonction de la région mais une fois encore, le principe reste le même. Grosso modo, il y a un meneur qui selon la formule de la région demande les noms d’une catégorie d’animaux (à velours, à plumes, à nageoirs, à pelage, etc.) et celui qui rate est éliminé du jeu.

On pourrait passer la saison à citer les jeux made in Africa tous aussi originaux, ingénieux, sportifs, stratèges et ludiques les uns que les autres. Le Cochon-gratté, le mamba, les billes, etc.

Mais un fait est certain, la plupart de ces jeux, la nouvelle génération ne les a pas connues surtout celle issue de la diaspora africaine. C’est la raison pour laquelle certains se sont donné comme mission de réinventer les jeux africains en y introduisant une bonne dose de modernité en mettant sur pied des jeux qui permettraient à leurs descendances et aux curieux de parcourir, le temps d’un jeu, le berceau de l’humanité. Parmi ces nouveaux jeux nous avons :

                                                               

          Tout complet la paire

Créé par la marque de jeu ivoirienne Mon beau pays, ce jeu valorise le pagne africain via un puzzle de 30 pagnes répartis en pairs. Qui retrouvera les paires de cartes identiques ? Une passionnante chasse aux images qui demande de la concentration et de la mémoire.

         Jeu des 7 familles

Ce jeu vous donnera un air de familier puisqu’il a juste été adapté à l’Afrique. Il est question de reconstituer le plus de familles de pays en passant par tous les membres : Capital, carte, drapeau, hymne nationale, monument devise, monnaie. Il est accompagné de l’histoire de chaque pays et des différents membres de la famille. L’idéal pour apprendre la géographie et l’histoire du continent.

        Startup Ludo

Conçu par la société CONCREE, le premier jeu de Ludo entrepreneurial nous vient du Sénégal. Il garde les mêmes principes du Ludo classique avec des ajouts majeurs comme les cartes présentant l’activité de chaque joueur, la monnaie et tout se joue sur la capacité managériale de son entreprise face à la concurrence dans un écosystème pas toujours docile. Une seule partie de jeu peut aller jusqu’à 3h voir plus.

       Wetchi

Il consiste à se plonger dans la vie d’acheteur et vendeur dans les marchés traditionnels d’Afrique tout en apprenant les langues des différents pays d’Afrique. Vous êtes un investisseur qui parcourt l’Afrique à la recherche des meilleurs marchés pour y développer des affaires. Vous devez donc acheter des stands dans différents marchés, négocier avec les acheteurs.

       Le tour de l’Afrique

Mise au point par le belge Geoffroy Fierens avec pour principale objectif de favoriser la culture générale de ce continent, les 1200 questions sont réparties sur un plateau de jeu, de six pions, d’un dé et de 300 cartes-questions rassemblées dans 5 catégories différentes : arts, sports, nature, histoire, géographie.

Les jeux de société made in Africa sont aujourd’hui une pléthore dans les sites de ventes en ligne. L’industrie ludique made in Africa se diversifie et s’étend de plus en plus que ce soit avec les jeux de sociétés, les jeux pour enfants comme les poupées, les livres de coloriages, les livres de contes et d’aventures des héros africains, les dessins animés qui sont pour beaucoup un moyen d’apprentissage des langues locales et mêmes les jeux vidéo et mobile tels : African Heroes, Orion, et bien d’autres.

More from Nadia Ed
AFRICAN PUZZLE : « NOUS DEVONS LAISSER EN HÉRITAGE UNE SOLUTION NUMÉRIQUE UTILE AUX GÉNÉRATIONS À VENIR »
C’est l’aboutissement du combat de deux camerounaises vivant en France et engagées...
Read More
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *