Ernest Teweliyo Akendengué est un entrepreneur gabonais diplômé de l’école des gemmes de Paris, un centre de formation en étude des pierres précieuses. Motivé par ses différentes expériences dans des sociétés financières, il lance à son retour dans son pays en 2011, e-Doley Finance, une société englobant les activités de bureau de change et de transfert d’argent traditionnel. L’entreprise qui emploie maintenant 12 personnes connaît un succès fulgurant avec un volume d’affaires d’environ 12 milliards FCFA pour ses trois ans d’existence. En partenariat avec BGFI Bank, e-Doley Finance lance fin mars, e-Doley cash, une plateforme rassemblant les activités de banque mobile, trading mobile et de paiement mobile.
Ernest Teweliyo aimerait apporter une solution plus globale à la hauteur des standards occidentaux dans un marché qui se focalise très souvent sur le paiement mobile. En effet, au Gabon, les principaux opérateurs téléphoniques et les banques proposent déjà de payer des factures via le téléphone. L’innovation qu’aimerait apporter e-Doley Cash, c’est le paiement de proximité : payer son taxi comme son coiffeur grâce à son mobile. Le service prévoit de proposer notamment le paiement sans contact. Grâce à une application téléchargée sur leurs mobiles, les usagers n’auraient plus qu’à poser leurs téléphones sur les terminaux dotés de la technologie et à rentrer leurs codes pour payer rapidement. L’introduction de cette nouvelle technologie impliquerait que les commerçants achètent les terminaux adéquats, ce qui demandera assurément une grande campagne informative sur les bienfaits pour les commerces. Dans les pays développés, le paiement mobile sans contact se démocratise depuis quelques années et permet de réduire les temps d’attente pour le règlement de factures dans de nombreux commerces.
Selon une étude du cabinet Boston Consulting Group[1], le paiement mobile pourrait représenter un marché de 1,5 milliards de dollars d’ici à 2019 en Afrique Subsaharienne. Le Gabon avec un taux de pénétration du mobile de 117,32% en 2011[2] pourrait largement en bénéficier. Comme tous les pays d’Afrique Centrale, le Gabon possède un taux de bancarisation très faible. C’est d’ailleurs pour cela que le paiement mobile y trouve aussi facilement sa place. Cependant, on pourrait se poser des questions par rapport à la pertinence d’un projet de banque mobile qui, en avance sur son temps, ne s’adresserait qu’à une très faible partie de la population. Seulement 12%[3] de la population gabonaise – population qui s’élève à 1 672 597 personnes selon la banque mondiale – possède un compte bancaire et pourrait donc utiliser cette fonctionnalité. A l’heure où une majorité de la population n’utilise pas la banque, espérer que la gestion des comptes via mobile ait un succès immédiat serait une utopie. Le plan d’émergence horizon 2035 promet la multiplication des services bancaires et des facilités pour les gabonais. La banque mobile pensée par e-Doley Cash, si elle résiste au temps, pourra alors toucher un public plus conséquent et apparaîtra comme pionnière quand le service se développera.
e-Doley Finance a assurément un bel avenir porté par la détermination et la persévérance de cet entrepreneur de 35 ans qui explique que le secret du succès, c’est la foi en ce que l’on fait. Ernest Teweliyo argue que la recherche des financements, bien qu’importante, vient en second plan. Le premier point selon lui, c’est de croire en ses rêves et de les défendre jusqu’au bout.
[1] Africa Blazes a Trail in Mobile Money: Time for Banks and Mobile Operators to Devise Strategies, Février 2015
[2] Source : Banque mondiale
[3] Discours du premier ministre gabonais au 3ème Forum Forbes Afrique, Juillet 2014