LES « INFLUENCEURS » INFLUENCENT-ILS VRAIMENT?

AdicomDays 2017, conférence annuel sur le Marketing Digital en Afrique

Le titre de cet article ressemble quelque peu à un sujet de philosophie. Une question qui paraît évidente mais à laquelle on n’a pas vraiment de réponse. Si réponse il y a, elle diffère radicalement d’une personne à une autre. Si, en philosophie, c’est la réflexion et la démarche qui est admirée, pour notre question, il en faut un peu plus. La réponse à cette question vaut de l’argent. On fait des conférences, on réunit des équipes de communication, on discoure pour savoir qui sont ces africains-là qui peuvent influencer la tendance.

En Afrique anglophone, la question se pose peu ou pas. On ne présente plus la blogueuse nigériane Linda Ikeiji qui est aujourd’hui millionnaire grâce à son blog de gossip. La valeur de bellanaija.com créé par la nigériane Uche Pedro est estimée à plus de 2 millions de dollars. En Afrique du Sud, Sbahle Mpisane, qui partage ses astuces fitness et santé sur son compte Instagram facture le post sponsorisé entre 1860 et 3102 dollars.[1] La styliste Kenyane Sylvia Njoki récolterait entre 228 et 381 dollars par post Instagram sponsorisé. Récemment, Nike a fait parler grâce à une super campagne avec des chanteurs et des influenceurs nigérians, pour la promotion du maillot des Super Eagles fabriqué spécialement pour la coupe du monde. Les maillots ont été tous vendus au Nigéria et à l’étranger en 3h seulement.

En Afrique francophone, on débat beaucoup, mais on a peu de réponses. On a le plus souvent recours aux sportifs, aux chanteurs ou à la diaspora parce que localement, il est difficile de sourcer les personnes qui influencent réellement leur environnement. Très peu de marques prennent pour l’instant le « risque » de faire des campagnes avec des influenceurs locaux. Les chiffres des entreprises n’étant pas publiés, le retour sur investissement est difficilement calculable. Malheureusement, ce dont on parle, le plus n’est pas forcément ce qui se vend le mieux.

Lisez aussi: Comment utiliser le digital pour changer l’image du continent?

Andy Warhol disait en 1968 « A l’avenir, chacun aura son quart d’heure de célébrité mondiale. » Il n’avait très probablement pas anticipé l’impact d’internet et des réseaux sociaux mais comme toute citation dans un devoir de philosophie, elle est vieille et s’applique au présent. En soi, on ne peut pas être influenceur de tout. Votre voisine qui est toujours bien coiffée et dont on s’arrache le nom des produits et coiffeurs dans le quartier, est une influenceuse beauté dans votre quartier. Nous sommes tous un petit peu influenceurs et influencés à différentes échelles. Il est important de délimiter les secteurs d’influence et le public visé. Le nombre d’abonnés ne fait pas tout.  La force de l’influenceur devrait être la possibilité de fédérer une audience qui l’écoute et lui fait confiance dans son domaine d’expertise.

Les influenceurs influencent-ils vraiment ? Le terme est utilisé à tort et à travers et l’on se proclame « influenceur » alors que notre audience ne suit pas forcément les tendances qu’on impulse. Est-ce que les stratégies mises en place par les marques pour travailler avec les influenceurs sont efficaces ? En Afrique francophone, très souvent non. Un influenceur, ce n’est pas celui qui a le plus d’abonnés. L’influenceur est celui qui a le plus d’engagement dans un certain domaine et auprès d’un certain public. La question à poser est donc « y’a-t-il réellement des influenceurs pour chaque domaine en Afrique francophone ? » Humoristes, blogueurs beauté, fitness, lifestyle, il nous faut des banques de données, des campagnes ciblées et surtout de la transparence autour des chiffres pour savoir qui influence qui.

[1] Source : influencermarketinghub.com

Tags from the story
, ,
More from Marie Simone NGANE (FRANCE)
Wizzit, la banque de proximité pour tous
Brian Richardson a travaillé longtemps dans le secteur bancaire en tant que...
Read More
Join the Conversation

1 Comment

  1. says: Marie-Aymone

    Bon article ! Les anglo-saxons ont une certaine avance dans les domaines de l’entrepreneuriat et de l’influence. Tout ça se répercute en Afrique, la partie francophone est en effet à la traine. Et je pourrai difficilement citer des noms aussi illustres que ceux de Linda Ikeji 🙂 Même si au Cameroun par exple beaucoup se démarquent et font leur bonhomme de chemin.

Leave a comment
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *