Ce vendredi 19 Juillet s’est achevée la 32e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), la plus prestigieuse compétition de football du continent africain organisée par la CAF. Cette compétition a vu l’Algérie sacrée championne pour la deuxième fois de son histoire. Mais que pouvons-nous retenir de plus à propos de cette CAN ?
PETIT TOUR HISTORIQUE
La compétition qui vient de s’achever est vieille de 62 ans. Au début il s’agissait d’un mini-tournoi entre 3 puis 4 équipes africaines. Ceci a évolué au fil des années et la compétition est passée à 16 équipes en 1996, et dès cette édition, à 24 équipes. Au cours des premières décennies, la compétition était dominée par l’Égypte et le Ghana. Ces deux nations totalisent chacune plus de 100 matchs en phases finales et composent le podium des pays les plus titrés de la compétition, même si sur la fin des années 2000, l’Égypte a totalement régné sur la compétition en remportant notamment trois phases finales d’affilée, mais aussi en faisant d’Ahmed Hassan et d’EL Hadary les joueurs ayant gagné le plus de CAN (4 chacun).
Dans ce podium s’insère le Cameroun, avec ses 5 titres qui est 2e au classement, mais qui compte aussi le joueur ayant participé au plus grand nombre de matchs en phase finale (Rigobert Song, 36 matchs), ainsi que le meilleur buteur de l’histoire de la compétition (Samuel Eto’o, 18 buts). Pour certains footballeurs comme le leader de l’attaque sénégalaise Sadio Mané (malheureux finaliste), la CAN mériterait plus de considération de la part du reste du monde, et principalement de la part des institutions faîtières du football.
UNE CAN, 24 ÉQUIPES
Cette ouverture est une réelle aubaine pour plusieurs nations africaines car les phases éliminatoires, élargies désormais à 12 groupes et opposant 51 formations, augmentent les chances de qualification des équipes les moins connues. Ainsi avons-nous vu trois nations participer pour la première fois à cette CAN : le Burundi, la Mauritanie et Madagascar, qui s’est hissé jusqu’aux quarts de finale.
Mais ce passage à 24 équipes dans la phase finale survient aussi avec des contraintes infrastructurelles : le pays hôte doit mettre à disposition 6 stades règlementaires (un par groupe), ce qui représente un lourd investissement, voire un réel défi pour certaines nations, qui souhaiteraient organiser un jour la compétition.
La CAN a souvent eu la particularité de paralyser les équipes européennes dont l’effectif est composé de joueurs africains. À cet effet, la CAF a obtenu des organisateurs que la CAN se déroule en Juin (période de l’été en Occident, mais aussi de fin de saison pour les championnats européens). Ceci expliquerait notamment les différents changements de date que la compétition a subi cette année. Cette décision a aussi facilité la mise à disposition par leurs clubs, des joueurs africains engagés dans la compétition, une situation longtemps souhaitée par les fédérations nationales africaines. Par ailleurs, l’on observe depuis un certain nombre d’années un retour de joueurs binationaux vers les équipes africaines. La CAN 2019 n’y a pas échappé. À l’instar de Jeremy Morel (Olympique Lyonnais), et de Thomas Fontaine (Stade de Reims), qui ont renforcé les rangs malgaches ou encore Mouez Hassen, qui a joué pour la Tunisie après avoir fait toutes les sélections de jeunes avec l’équipe de France.
Une autre conséquence du passage à 24 équipes est le nombre de buts lors de cette CAN : 102 buts. Ceci est un record dans l’histoire de la CAN, même si le ratio par rapport à l’édition de 2017 est inférieur, car cette compétition s’est déroulée en 52 matchs au lieu de 32 matchs lors de 12 dernières éditions.
On s’est demandé pourquoi les équipes africaines ont du mal à gagner la Coupe du Monde
LE VAR
Le passage à 24 équipes n’est pas la seule nouveauté de cette édition de la CAN 2019. À partir des quarts de finale, le VAR (Video Assistance Referee), assistance à l’arbitrage par la vidéo, a été introduit, et ceci avec des impacts directs sur les résultats des matchs. À l’exemple de la finale Sénégal – Algérie, où un pénalty a été accordé aux Lions de la Terranga dans le jeu, puis refusé après consultation du VAR. Pourtant, ce nouvel outil de l’arbitrage ne fait toujours pas l’unanimité. Bien que conçue afin de réduire les erreurs d’arbitrage, l’assistance vidéo influence très souvent le rythme du jeu à cause des arrêts pour consultation. Et bien qu’elle permette de mieux analyser une action de jeu litigieuse, elle reste soumise au jugement de l’arbitre central qui n’est pas toujours non discutable. Néanmoins, la CAN 2019 aura permis aux compétiteurs, mais aussi aux organisateurs d’expérimenter cette nouvelle option, et probablement de se préparer à mieux s’en servir lors des prochaines échéances.
DES COACHS AFRICAINS ET DES NOUVEAUX JOUEURS
Les équipes nationales africaines ont pour la plupart des sélectionneurs européens, mais les deux finalistes de la CAN 2019 ont été conduits par des entraineurs locaux (Aliou Cissé pour le Sénégal et Djamel Belmadi pour l’Algérie), tous les deux anciens internationaux de leurs pays respectifs. Ceci pourrait encourager les autres nations africaines à favoriser un encadrement par des africains.
Pour la seconde fois d’affilée, à la suite du camerounais Christian Bassogog, le meilleur joueur de la CAN (Ismaël Bennacer) est un joueur de moins de 23 ans, évoluant dans un championnat mineur (Empoli FC en Serie B en Italie), alors que la compétition réunissait plusieurs stars des plus grands championnats européens à l’instar de Sadio Mané, Mohammed Salah, Ryad Mahrez ou encore Mehdi Benatia. Il semblerait donc que la CAN motive beaucoup plus les joueurs les moins en vue au quotidien, ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose et donne une belle allure à la compétition.
Au Soudan, c’est une femme qui bouscule les codes du football
Un point d’ombre à relever toutefois : cette CAN 2019 a été marquée par le phénomène des stades vides. À l’exception de la finale, le match ayant connu le plus de spectateurs est le huitième de finale entre l’Égypte et l’Afrique du Sud (75 000 personnes), alors que des matchs de quarts ou de demi-finales se déroulaient avec une affluence de moins de 50 000 personnes). Mais ce constat ne diminue pas la capacité de la CAN à demeurer la plus grande fête du football africain. Bien que les questions d’infrastructures et d’organisation soient encore posées dans plusieurs pays africains, il est toujours dit que tous les 2 ans, la compétition se tiendra, apportera son lot de bonheur aux amoureux du football et contribuera, le temps de quelques jours à faire converger le monde entier vers l’Afrique.