#REPATSTORIES : AFUA HIRSCH, JOURNALISTE

Avant d’assumer fièrement son héritage africain, Afua Hirsh affirme en avoir eu honte lorsqu’elle était plus jeune. En grandissant elle a rapidement pris conscience du potentiel de son continent. Tout a commencé au tout début de sa carrière en 2012, quand elle a décidé de retourner au Ghana. Alors revenue en Grande-Bretagne pour des raisons professionnelles, elle sait qu’elle y retournera très bientôt.

Vous avez commencé votre carrière en tant qu’avocate et aujourd’hui vous êtes journaliste. Quand et pourquoi avez-vous décidé de modifier vos plans de carrière ?

J’ai eu une carrière en constante évolution et j’en suis fière. J’ai toujours pensé à mon héritage africain et je me suis sans cesse demandé ce que je pouvais faire pour perpétuer la vision de mes modèles africains.

J’ai débuté ma carrière au Sénégal, en Afrique de l’Ouest, dans une fondation de développement international couvrant 15 pays du continent. Agée de 21 ans à l’époque, ça a été une belle opportunité pour moi. J’ai eu l’occasion de travailler dans divers pays anglophones, francophones et lusophones et de rencontrer des personnes de catégories socioprofessionnelles variées, dont des militants, journalistes, agriculteurs, hommes d’affaires, avocats et politiciens. Néanmoins, j’ai expérimenté les revers de cette ‘’industrie du développement’’ et à la fin j’ai compris qu’avec une formation mieux définie et des compétences plus précises, je serais plus utile ailleurs.

Découvrez le témoignage de repats de Penda Diop Cissé, Sénégalaise vivant à Abidjan après des études à l’étranger.

Je suis donc retournée au Royaume-Uni pour obtenir un diplôme en droit. Etre avocate m’a permis d’organiser mon travail comme je le souhaitais, grâce au caractère libéral de cette profession. Mais au fil du temps, je me suis sentie à l’étroit et je m’accommodais mal des exigences et dysfonctionnements du Barreau Londonien. J’étais principalement en charge d’affaires de violation des droits de l’Homme et de défense en matière pénale, généralement mal financées et difficiles à traiter. J’ai décidé de devenir journaliste pour écrire et attirer l’attention sur les problèmes que j’avais vu, au lieu de les résoudre cas par cas.

Vous êtes née en Norvège et avez grandi au Royaume-Uni, mais vous avez pris la décision importante de rentrer en 2012 au Ghana. Quelle a été votre motivation ?

J’avais 14 ans lorsque pour la première fois j’ai visité le Ghana. Mais cette visite a été un tournant décisif dans ma vie. J’ai ressenti une reconnexion avec mon patrimoine culturel et familial. J’ai passé une bonne partie de ma vie d’adulte à parcourir mon pays et à y travailler bien qu’étant basée ailleurs. Lorsque nous avons eu notre fille, son papa et moi avons décidé de rentrer nous établir chez nous, au Ghana.

Comment vous êtes-vous préparés au retour ? Comment être “prêt” pour franchir le pas ?

Il n’y a pas de bonne réponse à cette question et je me garde bien de dire aux gens ce qu’il faut faire et à quoi ressemblera leur retour, car cela dépend de plusieurs facteurs ! En ce qui me concerne, je ne parlais ni Twi ni aucune des autres langues du pays. En plus, mes influences dans ma jeunesse ont essentiellement été britanniques. Ce qui n’a pas facilité mon retour. Ceci a un impact sur des choses qui peuvent paraître banales comme négocier le prix des biens, employer des gens, payer ses factures, naviguer dans les eaux parfois complexes de la bureaucratie et même effectuer un retrait d’argent à la banque ! Tout ça n’est pas aussi évident qu’il paraît. C’était un véritable défi pour moi.
Cependant, je suis retournée au Ghana avec un job permanent dans une organisation britannique qui me rémunérait en livres sterling. Ceci marque aussi une grande différence avec une personne qui retourne au pays sans emploi ou sans sa propre affaire. Mieux on prépare son retour, mieux ça vaut, car trouver une maison, payer deux ans de loyer à l’avance, acheter une voiture est bien plus compliqué qu’en Europe ou aux Etats-Unis. Tout ce que vous ferez en amont pour gérer cette transition vous rendra la vie plus agréable une fois retourné au pays. L’un des points forts des Ghanéens et de ceux qui choisissent le chemin retour, c’est le réseau ! Tissez vos réseaux et faites-en bon usage pour obtenir soutien et conseils.

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