De nombreuses raisons poussent les Africains à émigrer hors de leurs pays d’origine. Cependant, certains individus issus de la diaspora Africaine prennent la décision inattendue de rentrer chez eux, avec le désir de transformer en réalité leur rêve africain.
La diaspora et l’investissement dans les pays d’origine
En 2011, la Banque Mondiale estimait à 30 millions – soit environ 3.6% de la population totale Africaine – le nombre de personnes nées en Afrique et vivant dans un autre pays que celui de leur naissance. Un nombre de plus en plus important d’Africains choisit même d’émigrer en Asie et au Moyen-Orient (1,3% de la population africaine vit en Asie). Jusqu’à très récemment, l’impact de la diaspora Africaine semblait uniquement être monétaire, et à sens unique, puisqu’intimement lié au transfert d’argent en direction de l’Afrique. Selon les chiffres de la Banque Mondiale, la diaspora africaine aurait envoyé plus de 21.5 milliards de dollars en 2011.
Mais la diaspora des pays d’Afrique ne se trouve pas qu’en dehors du continent. Près de 13.2 millions d’Africains vivent sur le continent, mais hors de leur pays d’origine. Ces migrants eux aussi envoient des fonds chez eux. Bien entendu, certaines transactions restent non documentées, car un grand nombre de transactions sont informelles. En 2005, 85% de l’argent envoyé au Soudan ne passait pas par les canaux traditionnels.
En plus du fait qu’une grande partie de ces envois permettent d’aider la famille restée sur place, ils permettent aussi aux émigrés d’investir dans des entreprises locales ou de construire leur maison en vue d’un retour imminent. En effet, 10 % à 20 % des quelques 40 milliards de dollars envoyés en moyenne chaque année, sont soit réinvestis soit épargnés dans une banque. D’une manière générale, cet argent a un impact positif sur le continent africain. Selon le rapport « African Development Review » publié par la Banque Africaine de développement, une augmentation de 10% de l’argent transféré permet une baisse de 2.9% du seuil de pauvreté. Un bon début mais qui reste bien faible pour développer toute l’Afrique.
La solution est d’investir dans les ressources humaines
Depuis quelques années ces chiffres sont sujets aux fluctuations dues au climat politique, socioculturel et économique. La crise financière de 2008 a également joué son rôle destructeur et troublant. Aussi, la croissance économique du continent des dernières années est un facteur de motivation : le retour en Afrique semble bien plus bénéfique qu’auparavant. “ Nous avons vus une augmentation des retours sur le continent, dus à l’insécurité de l’emploi depuis la crise économique subit par les pays occidentaux”, dit Laura Lungarotti, de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM).
C’est la raison pour laquelle des entrepreneurs privés tels que Chams DIAGNE, qui est l’un des membres fondateurs du réseau professionnel français VIADEO, établissent des compagnies, comme Talent2Africa. Selon ses propres mots, Talent2Africa permet de “combler le manque de compétences auxquelles les recruteurs font face”. De récentes études montrent que 90% des chefs d’entreprises africains sont préoccupés par la disponibilité des talents, et que 70% des candidats ont des difficultés à trouver des offres d’emploi qui leur correspondent. Par conséquent, l’offre et la demande d’emploi devraient se rencontrer. Contrairement à ses concurrents, Talent2Africa ne détient pas de base de données avec des candidats disponibles, mais fonctionne grâce à un système de recommandation. Malgré cette initiative, de nombreuses entreprises ont toujours du mal à attirer les talents de la diaspora. Selon Mr. DIAGNE, il y a trois raisons qui expliquent ces résultats : “La stratégie de recrutement, l’écart entre ce que les entreprises recherchent, et les personnes qu’elles embauchent, mais aussi le processus à rallonge souvent dû à une communication hachée entre les deux parties.”
Sachant que 76% des jeunes africains de la diaspora sont prêts à participer au développement du continent, Talent2Africa se rend disponible pour les aider à trouver un emploi ainsi que des revenus compétitifs. Mr. DIAGNE reconnaît cependant que “ la plupart des entreprises ne révèlent le salaire proposé que lors de l’entretien d’embauche”. En plus de cela, certains candidats s’attendent aux même revenus qu’en Europe, mais Mr. DIAGNE conseille que “ les candidats prennent en considération le marché du travail local et les salaires qui en découlent”. Dans ce sens, le salaire, sera adapté au coût de la vie de chaque pays tel que la Côte d’Ivoire, ou le Nigeria, où la classe moyenne est en pleine extension.
Un rapport de la Standard Bank intitulé, “ Comprendre la classe moyenne africaine” publié en 2014 nous apprend par exemple, que la classe moyenne Nigériane a été multipliée par 6, de 2000 à 2014. En d’autres termes, près de 23 millions de personnes sont considérées comme appartenant à la classe moyenne, avec une consommation moyenne oscillant entre 23$ (18.4 euros) et 115$ par jour. La classe moyenne Nigériane ne cesse de croître et atteindra les 40 millions dès 2030. A l’heure d’une économie en feu, les opportunités d’entreprises se multiplient, et de manière réciproque, la demande de ressource humaine adéquate aussi, créant un abîme qui devra être rapidement comblé, par des individus compétents et prêts à faire la différence.
“Comme vous pouvez le voir, il y a eu un réel décollage dans l’industrie des arts, de la mode, de la musique et aussi du cinéma. Certaines personnes misent sur l’agriculture, l’ingénierie, les mines … On peut sentir la tension, la course au développement, à l’opportunité qui va rapporter le plus gros » nous dit Baba Epega, Nigérian retourné dans son pays d’origine.
Néanmoins, la décision de rentrer en Afrique reste délicate, surtout lorsqu’on manque d’un réseau professionnel, d’institutions ou d’infrastructures qui permettent une transition plus fluide. La peur de l’inconnu reste une épreuve non négligeable pour les africains issus de la diaspora.
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