NELLY WANDJI : L’ART AFRICAIN POUR CONTRIBUER À L’AUTONOMISATION DES PEUPLES

crédit photo : Jonathan Menialec pour Inspire Afrika Magazine

« Connaissez-vous la mode Africaine ? »  c’est avec cette simple question que Nelly Wandji démarre en 2014, la promotion de Moonlook, première plateforme de valorisation des designers africains à l’international basée en France. La question est pleine de sens : existe-t-il une « mode africaine » ou « des modes africaines » ? Qui se cache derrière ces créations, qu’est ce qui inspire ces créateurs et surtout comment leur travail peut-il contribuer à valoriser le patrimoine culturel africain aux yeux du monde ?
Depuis, Moonlook a bien évolué. La question posée sur la mode et les enjeux autour s’applique à tous les arts créatifs africains. Nelly nous raconte aujourd’hui son parcours, le «  reason why »  de la création de Moonlook, son engagement, et ses ambitions futures.
 

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DU CAMEROUN A PARIS EN PASSANT PAR GENEVE ET BIENNE

En naissant au Cameroun dans les années 80, rien ne me prédisposait à ouvrir une galerie sur le faubourg Saint honoré après seulement 12 ans à étudier et à travailler en Europe. Partie du Cameroun après mon baccalauréat, j’ai intégré une école de commerce pour trouver un moyen de m’insérer dans la vie professionnelle, afin de soulager ma famille modeste qui m’avait accompagnée dans mes études jusqu’au secondaire. Tout au long de ma formation, en France et en Europe, j’ai pu vivre et expérimenter la chaleur des activités culturelles qui nourrissent notre imaginaire collectif sur l’étendue de la marque « France ». Cela m’a aidé à me passionner pour les arts décoratifs, les maisons centenaires, et les entreprises du patrimoine vivant français.
Naturellement, quand j’ai terminé mes études, je me suis spécialisée en Marketing & Management du Luxe, car je voulais apporter ma pierre à cet édifice européen. A l’école de l’esthétique, de l’art et de la beauté absolue, je voulais apprendre aux côtés des plus grands. Ma détermination m’a conduit vers une institution horlogère suisse, à la tête d’une industrie florissante qui a su faire du label « SWISS MADE » une référence dans l’horlogerie à l’échelle du monde. Depuis Paris, dans l’un des vaisseaux amiraux du géant Suisse de l’horlogerie, je suis alors en charge du développement opérationnel de près de trente marques européennes. Ma passion pour la créativité, l’artisanat d’art et l’excellence a pris forme lors de ces années d’expérience au sein des plus grandes maisons européennes de tradition joaillière et horlogère. Ces maisons, par leur expérience, m’ont appris à apprécier les belles manufactures et m’ont aussi enseigné les mécanismes de valorisation du patrimoine culturel d’un peuple à travers son savoir-faire. La rigueur, la précision, l’innovation et la détermination à toujours délivrer l’excellence sont des valeurs que j’ai ensuite adoptées comme une seconde peau.

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RETOUR AUX SOURCES

Au fur et à mesure de mes apprentissages, j’ai commencé à me questionner sur mes origines, les patrimoines que je pouvais valoriser, les histoires créatives que je pouvais raconter…  À l’affût de toutes ces réponses, je commence alors à multiplier les voyages en Afrique. L’émerveillement qui suit chacune de mes découvertes en voyageant du Nord au Sud en passant par l’Ouest, le Centre et l’Est, nourrit peu à peu ma volonté de partager avec le plus grand nombre, les exceptions créatives africaines. Cette volonté de partage s’est rapidement traduite par l’impulsion à formaliser plusieurs initiatives pour valoriser la diversité de nouvelles formes d’excellences créatives dans un monde globalisé où tout tend à s’uniformiser.
Le continent africain peuplé à plus de 60% de jeunes de moins de 25 ans, est sans doute le continent le plus créatif, le plus riche en patrimoine culturel de par la diversité des peuples, le plus riche en ressources naturelles de par l’étendue des commodités qui en sont originaires. Cependant, beaucoup de peuples d’Afrique riches de leur sous-sol, de leur créativité et de leur talent, demeurent les plus pauvres au monde. Ceci en majorité à cause d’une absence de structuration qui devrait valoriser les patrimoines, accompagner les talents vers l’innovation et enfin favoriser la création d’une valeur économique qui vise à l’autonomisation des peuples.
Après avoir rencontré et échangé avec des talents dans plusieurs pays et domaines en Afrique, j’ai réalisé que le potentiel économique des industries créatives était très grand et pouvait radicalement contribuer à réduire la pauvreté. Et au-delà de l’avantage économique, la valorisation du patrimoine africain, des talents créatifs et l’innovation donneraient aux jeunes africains l’opportunité de bâtir un continent vers lequel le reste du monde aurait envie de venir découvrir des solutions aux problèmes mondiaux.

Lisez la suite dans l’article en page 32 de votre magazine

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