HORORE BELL BEBGA CELLE QUI PLAIDE POUR L’AUTONOMISATION DES FEMMES À TRAVERS LA TECH

Horore Bell

Charlotte Horore Bell Bebga est sans aucun doute une des pionnières de la promotion des femmes dans le secteur des nouvelle technologies en Afrique.Titulaire d’un Master en management des projets IT obtenu à l’ENSET de Douala, elle fonde en 2016, l’association African Women In Tech Startup (African WITS) . En six ans, cette association a formé plus de 1000 femmes aux métiers de la technologie, contribué à l’autonomisation des centaines d’entre elles, et servir d’incubateur à une cinquantaine de projets. Elle est également fondatrice et directrice générale de Likalo Group , une entreprise qui fournit des solutions, des équipements et des services dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et de, l’éducation et dont l’un des produits phares est Cyber Muna une plateforme d’éducation développée en 2021, à destination des élèves, parents et enseignants. Son expérience avec African WITS et Likalo lui a permis de travailler sur divers projets avec plusieurs organismes tels que le Commonwealth ou le fonds d’équipement des Nations Unies (UNCDF).

L’ORIGINE
La trentaine, Charlotte Horore BELL BEBGA est maman de trois enfants biologiques et d’un quatrième qu’elle a eu il y a 7 ans : African Women In Tech Start-up (African WITS). Son diplôme d’ingénieur en Informatique en poche, elle s’ennuie beaucoup dans son travail qu’elle trouve quelque peu monotone surtout qu’elle n’a que peu de collègues femmes avec qui échanger. Bien qu’en infériorité numérique, elle se souvient avoir eu des promotionnaires femmes qui sont presque toutes reconverties vers
d’autres métiers moins techniques et plus orientés femmes : la coiffure, la comptabilité, le secrétariat, etc. Elle entreprend dès lors de les réunir afin qu’ensemble, elles continuent de partager et entretenir leur passion première : l’informatique. Le domaine est riche en opportunités et le terrain est fertile pour qui veut y cultiver, mais les femmes ne sont pas toujours visibles. La prochaine étape de l’association d’une dizaine de femmes au départ est sur le point d’être enclenchée.

Horore Bell

L’ÉVOLUTION
Horore se met à chasser la moindre petite opportunité et la partage avec ses consœurs. L’objectif d’African WITS est d’encourager les femmes à oser travailler et entreprendre dans le domaine de l’informatique et de la technologie en leur faisant bénéficier des opportunités existantes. L’association va accueillir toutes les femmes désireuses de s’initier au domaine très masculin de l’informatique avec pour objectif de le féminiser. À travers des formations, la chasse aux appels de projets, l’accompagnement des femmes ayant des idées de projets, Horore va développer en quelques années, un véritable incubateur de talents féminins dans l’écosystème technologique au Cameroun. Pour y parvenir, elle fait des ONG et des institutions internationales ses alliées. Elle nous confie que « Ce sont les organisations non gouvernementales, les ambassades et autres institutions qui subventionnent les formations des femmes et des jeunes via des appels à projets. Au travers des appels à candidatures que lancent les grandes entreprises, les organismes internationaux et autres institutions, nous arrivons à financer les formations et à aider les femmes porteuses de projets à les implémenter. Nous sélectionnons les projets qui répondent aux critères et généralement, nous organisons des séances de coaching pour permettre aux candidates d’être bien préparées à défendre leurs projets. Le plus difficile aujourd’hui reste le suivi après formation qui est coûteux. Les financeurs ne mettent pas à notre disposition les moyens nécessaires pour suivre l’évolution et l’implémentation des compétences acquises pendant les formations et les coachings« . African WITS ne s’arrête pas là pour autant et continue d’étendre les limites de la technologie en qui Horore voit la possibilité de servir une cause encore plus grande.

L’AUTONOMISATION DES FEMMES
Avec l’appui d’institutions nationales et internationales mais aussi des ambassades, African WITS contribue depuis des années à l’autonomisation des femmes et des jeunes grâce à la technologie en Afrique. En chiffres, African WITS c’est plus de 1000 femmes formées en six ans au Cameroun et au Congo, des centaines de jeunes (filles et garçons) initiés aux NTIC et plus d’une trentaine de projets incubés. Mais l’association pourrait faire beaucoup plus si ses actions et ses projets étaient financés : » Même s’il existe plusieurs programmes destinés à l’autonomisation de la femme, il manque un réel soutien à l’entrepreneuriat féminin. L’accès au financement est encore restreint pour la femme. Ceci peut généralement être dû au fait que les activités qu’elles mènent sont certes génératrices de revenus mais restent un peu dans l’informel. Les entreprises portées par les femmes ne sont pas compétitives. Comment faire pour qu’une femme qui a un seul salon de coiffure et qui a 20 ans dans ce domaine puisse avoir des succursales ? Il devrait y avoir un fonds d’investissement garant comme cela se fait ailleurs. Au Cameroun, la banque de la PME aurait potentiellement joué ce rôle mais hélas. Les garanties demandées par les banques ne sont pas toujours à la portée des femmes qui possèdent très peu de titres fonciers. Je pense que c’est valable pour les hommes aussi. Pour des entreprises qui évoluent dans la tech comme la mienne, le financement n’est pas notre premier frein mais c’est le marché. Nous développons des solutions utiles à l’éducation et si nous n’avons pas de marché, comment allons-nous nous développer?  Le domaine technologique est très incertain dans notre environnement« . Un réel manque à gagner lorsqu’on sait que, selon le PNUD, l’Afrique subsaharienne perd 95 milliards de dollars par an du fait du manque de l’inclusion des femmes dans la vie économique.

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LA FÉMINITÉ UN FREIN AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DES FEMMES ?
Il faut dire que les femmes ont pour principal frein leur féminité. De plus en plus de femmes osent, mais les réalités en Afrique particulièrement ne tendent pas à les encourager. Les femmes dans le milieu professionnel peinent toujours à révéler leur potentiel. En Afrique, c’est encore un évènement lorsqu’on voit une femme Ministre ou Directrice Générale. Elles sont pour certains des mythes et pour les traditionalistes, des exemples à ne pas toujours suivre parce que taxées de féministes au sens péjoratif du terme. Comment font-elles pour être pleinement femmes et assumer de hautes responsabilités tout en restant efficaces ? Pour les entrepreneures, c’est une autre paire de manches et principalement dans la technologie. Le manque d’accès au financement est au cœur de l’autonomisation des femmes aujourd’hui et pour cause : »Nos Etats même ne comprennent pas encore l’écosystème technologique. Les femmes sont très limitées dans ce domaine et ne vont pas en profondeur de sorte à développer des compétences et être compétitives comme les hommes. C’est principalement dû au fait qu’elles sont des femmes, vont avoir des enfants, un foyer dont elles devront prendre soin. Par contre un homme peut coder toute sa vie sans jamais avoir ces freins. La technologie évolue énormément, il faut être capable de vite s’adapter pour rester compétitif et la plupart des femmes finissent par virer vers des métiers plus génériques. Les hommes profitent plus des opportunités à l’extérieur parce qu’il est plus facile pour eux de se déplacer que pour les femmes qui ont toutes les contraintes citées plus haut« . En attendant donc que les uns et les autres trouvent des solutions pour permettre aux femmes en général et aux femmes du domaine de la tech en particulier de pouvoir exploiter pleinement leurs potentiels, Horore BELL BEBGA se réjouit du chemin parcouru : « Le fait de savoir que j’ai pu contribuer à aider une femme au travers d’African WITS à être autonome, à développer d’autres compétences ou encore à faire un pas en avant dans le cadre de son projet c’est la plus grande récompense pour moi« .

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