Pour Gaëlle PRUDENCIO la féminité passe d’abord par l’appropriation de soi et de sa personnalité. Militante dans l’âme, Gaëlle Prudencio est une des ambassadrices du mouvement Body Positive, en faveur de l’acceptation et de l’appréciation de tous les types de corps humains. Son militantisme, elle le fait contre la grossophobie à travers les réseaux sociaux et pousse toutes les femmes à s’accepter. D’ailleurs, le hashtag #Frenchcurves devenu de plus en plus célèbre, prouve qu’elle réussit. Elle va jusqu’au bout de ses convictions et a créé IBILOLA, une marque de vêtement qui habille les femmes à partir de la taille 44.
Qu’est-ce que la grossophobie ?
« Hostilité envers les personnes grosses ou obèses. La grossophobie repose sur des préjugés selon lesquels les personnes grosses le sont parce qu’elles le veulent bien. Une position qui se manifeste par des comportements stigmatisants et discriminants à l’égard des personnes en surpoids. » Ceci est la définition officielle qui est entrée dans le dictionnaire en 2019.
Combien de femmes comptent la communauté #frenchcurves aujourd’hui ?
Je vais plutôt répondre avec le nombre de publications sous ce hashtag qui en compte près de 30.000. L’idée est que les femmes qui se reconnaissent en lui l’utilisent pour que leur look soit répertorié sur Instagram puis repartagé sur le compte officiel.
Que vous a apporté le blogging ?
Waouh ! Le blogging a clairement changé ma trajectoire ! D’un point de vue professionnel déjà, car je me destinais à une carrière de juriste en droit social. J’ai commencé mon premier blog lorsque j’étais étudiante et ai décidé de m’y consacrer à temps plein au début de mon activité dans les ressources humaines. Le blogging m’a aussi aidée à m’exprimer et à prendre ma place dans l’espace public sans avoir à m’excuser et en étant 100% moi-même. Aujourd’hui, je suis créatrice de mode, militante body positive, speaker et tout cela en ayant démarré un blog il y a plus de 10 ans. J’ai grandi avec mon blog et ma communauté aussi.
RDV avec Gaëlle Prudencio le 5 Juillet 2019 aux Galeries Lafayette Paris Haussmann
Qu’est-ce qui vous a poussé à embrasser le combat de la body positivity ?
Cela est arrivé en plusieurs étapes. La première était de vouloir systématiquement perdre du poids et me battre contre mes kilos. Puis il y a eu la découverte de femmes qui s’acceptaient et qui pour tout un tas de raisons avaient décidé de ne plus se laisser happer par l’engrenage des régimes. Ceci m’a donné envie d’essayer à mon tour de m’accepter. J’ai ainsi décidé de documenter ce parcours à travers mon blog. Être Body positive pour moi consiste à s’accepter physiquement, mais aussi à accepter l’autre, accepter son histoire sans se juger et être bienveillant avec soi et les autres.
Vous parliez récemment dans un podcast du départ tragique de votre sœur, quel impact cela a eu sur votre parcours ?
En perdant ma grande sœur j’ai perdu une partie de mes repères. Ma sœur était mon guide, un exemple pour moi. Je l’admirais énormément. J’essaie d’être une bonne grande sœur pour celles qui me suivent.
« Ibilola », c’était le prénom de votre sœur, pourquoi avoir donné ce nom à votre marque ?
C’était une évidence pour moi. Ibilola signifie « la naissance est une richesse / une bénédiction » en langue Yoruba. Au moment où je créais ma première collection, j’ai eu l’impression de renaître aussi. C’était la fin d’une longue quête et surtout de mon deuil suite au décès de ma sœur. Son rêve était par ailleurs de devenir designer. C’est une façon pour moi de continuer à faire vivre sa mémoire même si le projet est 100% lié à mon histoire et à celle que je souhaite raconter.
Que représente « Ibilola » pour vous en tant que créatrice ?
C’est mon terrain de jeu ! Grâce à Ibilola je m’exprime comme je le souhaite à travers les vêtements. Je raconte une histoire : celle de ma sœur, celle de ma rencontre avec l’acceptation de soi et celle de ma redécouverte du Bénin, le pays d’origine de mes parents. Ibilola me permet d’explorer des chemins que je n’aurais jamais imaginé emprunter un jour.
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Quelles sont les valeurs que vous souhaitez véhiculer à travers Ibilola ?
La bienveillance d’abord et avant tout. L’acceptation de soi. Le témoignage. Il est pour moi primordial de raconter son histoire coûte que coûte par quelque biais que ce soit.
Quels sont vos projets pour Ibilola ?
Continuer à développer la marque. L’exporter vers les pays anglophones, notamment les Etats-Unis.
Percevez-vous des avancées dans l’acceptation de tous les physiques en France ?
Oh que oui ! Cela déjà dans les médias, les magazines féminins qui sont plus ouverts à communiquer sur des initiatives Body positive. Il y a aussi de plus en plus de campagnes inclusives. Un grand bravo à Nike par exemple qui se démarque par ses campagnes qui s’adressent à tous les physiques. Nous avons besoin de représentation. Il était temps que cela arrive. Reste à espérer que cela ne soit pas qu’une simple démarche médiatique dictée par les bureaux de tendance.
Qu’est-ce qui vous pousse à continuer le combat ?
Il reste tant à faire en matière d’acceptation de soi. C’est une démarche militante et féministe qu’il est nécessaire de poursuivre pour les plus jeunes qui ont besoin de représentation. Je suis là pour ça.