« Les chemins qui mènent à l’engagement social sont complexes et par moment inexplicables ». C’est par ces mots que Danièle Sassou Nguesso débute notre entretien, car elle en sait quelque chose. Née d’un père médecin et d’une mère docteur en pharmacie, cette gabonaise de 42 ans est une opticienne de formation et une femme d’affaires. En 2003, elle ouvre son premier magasin d’optique, « Optical », à Libreville. Seize ans plus tard, Mme Sassou Nguesso gère 5 magasins d’Optique et la CMO, clinique pluridisciplinaire basée au Congo dans la ville de Brazzaville. Mais c’est en 2016 que la femme d’affaires décide de s’engager socialement.
La question s’impose d’elle-même : comment passe-t-on d’opticienne, femme d’affaires à femme socialement engagée ? « Je vais vous poser une question à mon tour », nous dit-elle : « Comment rester immobile alors que les discriminations contre les femmes prospèrent d’une génération à l’autre, d’un pays à l’autre comme si c’était normal ? ». Et sa question mérite réflexion. En Afrique subsaharienne, les femmes représentent plus de 50% de la main d’œuvre agricole. Cependant, dans certains pays, comme le Kenya, seulement 1% des femmes possèdent un titre de propriété seules et 5% en possèdent conjointement avec un homme. Comme s’il fallait une qualification particulière pour être propriétaire terrien. Selon Danièle, « l’appartenance à la gent féminine, elles l’ont reçue de la nature. Ce n’est donc pas une sanction qui peut ou doit justifier toutes ces inégalités que connaissent les femmes, du berceau à la vie adulte. ». Pour pallier à cette injustice que l’on retrouve à travers le monde, il est nécessaire de promouvoir l’indépendance de la femme africaine.
Pour que la femme africaine soit autonome, elle doit être libre de faire ses choix, ce qui est difficile à réaliser sur un continent où 125 millions de femmes ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Cette indépendance passe aussi par l’accès aux mêmes opportunités et aux mêmes ressources que la gent masculine ; objectif compliqué à atteindre quand on sait qu’en moyenne, les femmes africaines salariées ne touchent que 2/3 du salaire des hommes. Mais l’autonomisation des femmes passe en grande partie par un environnement financier favorable à l’accompagnement des entrepreneures.
Prenons le cas de l’Ouganda où les femmes possèdent 38% de toutes les entreprises enregistrées. Pensez-vous que ce soit une avancée ? Loin de là, car seulement 9% d’entre-elles ont droit aux facilités financières. C’est pour contribuer à l’émancipation de toutes ces femmes issues de mariages précoces, entrepreneures laissées pour compte ou encore salariées, que Danièle a mis sur pied la fondation Sounga au Congo. « Quand nous parlons d’autonomiser les femmes, nous parlons de toutes les catégories de femmes quel que soit leur âge, leur lieu de résidence (urbain ou rural), leur niveau d’éducation ou encore leur activité professionnelle. Les filles en font donc partie car elles sont les femmes de demain ».
Pour favoriser efficacement à l’autonomisation de la femme congolaise dans un premier temps, la fondation Sounga (qui veut dire « aide » en lingala) passe par trois actions concrètes : Le focus group, l’incubateur, et le label genre.
Retrouvez l’article complet en page 27 de votre magazine