Cela fait 5 ans que Rose Poungom est entrepreneure dans le domaine de la beauté, en étant à la tête de Maison Ezinris, une maison parisienne destinée à la perruque et à toutes sortes d’extensions capillaires. Après une seconde scientifique, Rose fait ses armes dans une école de mode, où elle passe 2 ans à apprendre la haute couture. Une version trop manuelle de la mode, qui la pousse à se diriger plutôt vers la communication et le marketing. A ce stade, la coiffure était plus une passion qu’un domaine dans lequel elle aurait imaginé exercer. Pendant son BTS en communication, elle s’envole donc à New York où elle vit pendant 1 an, avant de terminer avec un Bachelor en management. Rose est donc une professionnelle de la communication, bilingue et capable de manager des équipes. Des expériences dans le luxe, notamment au Bon Marché et aux Galeries Lafayette jalonnent ce parcours et la préparent, sans le savoir, à sa future vie d’entrepreneure dans la beauté avec service haut de gamme. Un joli parcours qu’on a voulu résumer en 4 Questions, ou presque.
Pouvez-vous nous expliquer tout ce qu’on retrouve dans le concept Maison Ezinris ? La marque a-t-elle des ambitions d’expansion en Afrique?
La Maison Ezinris a trois pôles distincts. Ezinris Beauty, qui représente la vente d’extensions capillaires, pas uniquement les perruques naturelles, mais aussi les ponytails, les demi-têtes et autres types d’extensions. Nous vendons aussi des accessoires de beauté comme les fers à boucler. Ezinris Beauty s’adresse aux femmes actives entre 25 et 50 ans, désireuses de porter des perruques ou des extensions capillaires. La cible s’est d’ailleurs rajeunie parce que nous permettons désormais de payer nos produits en plusieurs fois. Ensuite, on a Ezinris Care, notre pôle spécialisé pour la vente des prothèses capillaires destinées à l’usage médical. Les prothèses sont faites pour les femmes, les hommes et même les enfants. C’est important pour moi d’accompagner à ma façon les personnes qui sortent de chimiothérapie ou de maladies. Enfin, Ezinris Education, représente le pôle formation, où nous formons au métier de perruquier, mais également aux techniques de ventes, pour apprendre à nos élèves à bien vendre et à mettre leur travail en valeur. La plupart de nos élèves sont des femmes en reconversion professionnelle. L’Afrique est au coeur des stratégies de la maison. Nous sommes à Abidjan depuis 2020 au sein du concept store couleur concept beauty (CCB). On peut y retrouver les produits phares de la maison et se faire coiffer sur place. La prochaine étape pour nous c’est le Cameroun où nous souhaitons ouvrir une boutique courant 2022.
Êtes-vous à 100% sur Ezinris ?
En termes d’énergie, je suis à 80% sur Ezinris et à 20% sur RD Consulting qui est ma boite d’accompagnement en création d’entreprise. Je l’ai lancée il y’a un an, et c’est un projet qui me tient énormément à coeur, car j’ai toujours, avant même de créer Ezinris, aimé aider mes ami(e)s à se lancer.
La demande était également grandissante, que je me suis dit « OK, je me lance et on voit ce que ça donne ». Les clientes étaient au RDV, car elles me suivaient déjà et suivaient déjà mon travail. Le fait d’avoir déjà fait ce parcours moi-même, était rassurant pour elles.
En tant que consultante d’entreprise, quelle est votre recommandation à une personne qui veut se lancer dans une entreprise de beauté capillaire ? Quels sont les prérequis ?
Je dirais qu’il faut commencer par bien établir l’offre qu’on veut mettre en place sur le marché : quelle est ma valeur ajoutée ? Pourquoi la cliente viendrait – elle chez moi et pas ailleurs ? Ensuite, il faut bien déterminer à qui on souhaite s’adresser. Comprendre et bien connaitre cette clientèle, et également maîtriser le segment dans lequel on est. Sans ce défrichage essentiel, on risque de passer à côté de son lancement ou de son entreprise, parce que les stratégies marketing, commerciales ou de communication, risquent de ne pas matcher avec les personnes qu’on vise. Pour finir, il faut être passionné.e et perseverant.e. Ce sont des qualités incontournables quand on entrepreneur. Ces conseils sont valables dans tous les secteurs, mais encore plus dans les secteurs fortement tournés vers le service, comme la beauté.
Quelle est la meilleure stratégie pour se faire financer ?
Typiquement un salon de coiffure sur une prestigieuse rue comme la Rue Saint Honoré à Paris, vaut son pesant d’or. Je dirais plutôt : quelle est la meilleure stratégie pour ne pas se faire financer. Je sais, ça fait bizarre de retourner la question comme ça. Mais je pense que nous devons vraiment avoir cette culture de l’économie. Quand on vit chez ses parents, qu’on ne paye pas de loyer, qu’on cumule des jobs étudiants, c’est le meilleur moment pour économiser. L’erreur que les jeunes font souvent c’est de dépenser parce qu’ils n’ont pas de projet. J’ai commencé à économiser avant même de savoir exactement ce que je voulais faire de ma vie. Je savais une chose : nous sommes dans un monde capitaliste, et j’aurais forcément besoin d’argent à un moment ou à un autre. Les banques ne m’auraient pas prêté d’argent si je ne leur avais pas montré que j’étais solvable. Et je ne le leur aurais jamais montré si je n’avais pas anticipé et mis assez d’argent de côté. La clé quand on veut demander un emprunt, ou n’importe quelle aide financière, c’est de montrer notre sérieux et notre capacité à bien gérer nos finances. Si une jeune personne lit cet article, je lui dirais de raisonner de la manière suivante : comment faire pour éviter de me faire financer par une banque ? Cela vous permettra de mettre assez de côté pour démarrer sur fonds propres ou alors en vous faisant financer plus facilement parce que vous aurez démontré votre solvabilité.
Allez, une question bonus pour la route : dans cette aventure entrepreneuriale qui est la vôtre. Quel est votre plus gros challenge ?
Notre plus gros challenge et notre priorité : garder la satisfaction client intacte malgré l’expansion de la maison. Comment répondre à toutes les problématiques et être toujours à l’écoute des clientes, pour nous réajuster au quotidien. C’est le moteur qui nous drive tous les jours.