STEVE MEKOUDJA: L’ARTISTE PLURIDISCIPLINAIRE QUI REND HOMMAGE AUX COMBATTANTS POUR LA LIBERTE DU CAMEROUN

Si vous êtes un lecteur assidu de ce magazine, le nom Steve Mekoudja devrait vous dire quelque chose. Il a rédigé sur nos pages quelques nouvelles qui font partie des textes que vous avez le plus apprécié ici.
Lorsqu’on lui demande de se décrire, Steve Mekoudja se définit comme « une personne qui crée ». Et autant dire que l’inspiration ne quitte pas ce jeune artiste pluridisciplinaire originaire du Cameroun. Son premier projet ‘Rituals’ sorti en 2018, suivi du premier single de son projet à venir ‘Song of Freedom’ sorti en 2019, en témoignent.

Dès l’âge de 3 ans, l’écriture se révèle être un véritable jeu d’enfant pour Steve qui, d’après les dires de sa mère, manifestait déjà cette envie d’écrire, en laissant sa plume s’exprimer sur des draps ou encore sur les murs. Plus tard vers l’âge de 12 ans, cette passion se concrétise lorsqu’il écrit ses premières histoires dans un cahier, corrigées par ses parents à mille lieues d’imaginer que son talent se révèlerait au grand jour. L’artiste ajoute lui-même : « Je l’ai toujours fait sans savoir que c’était ce que je voulais faire ».  En grandissant, Steve Mekoudja s’intéresse à la poésie, à la musique puis à la danse et finira par réaliser ses propres mises en scène qu’il performera par la suite. Si sa musique se veut multifacettes, alliant chant et poésie à la fois, c’est parce qu’il estime que « les deux sont complémentaires » et que « la poésie raisonne comme une mélodie » affirme-t-il. Ses talents d’écrivain et d’artiste se confirment à l’âge de 18 ans lorsqu’il quitte le Cameroun après son baccalauréat pour rejoindre seul l’Allemagne afin de poursuivre ses études. La solitude ainsi que le choc culturel suscitent en lui le besoin de s’exprimer. Dès lors, il se met à écrire sur des sujets de fond sans nécessairement « songer à aller plus loin », ce qui l’aide à se sentir mieux. Parmi ses sujets de prédilection on note l’injustice, l’espoir, la colère, la joie ou encore le bonheur. Il publiera ses premiers textes sur Facebook et dans divers magazines et revues littéraires. Ceux-ci rencontrent un succès et le poussent à écrire davantage et notamment des textes plus longs : « l’écriture fait partie de moi, j’écris tout le temps ».

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Sa vie prend un tournant en 2015, lorsqu’il remporte le concours Stéphane Hessel de la jeune écriture francophone, organisé par TV5 et RFI, grâce à sa Nouvelle Tala Ngai axée sur les viols des femmes au Congo. Le soutien de ses parents, opposés à cette carrière au départ, le confortera dans sa décision de poursuivre dans cette voie : « Toutes les choses que je fais aujourd’hui étaient déjà là, mais j’avais peur de me lancer. Le Cameroun fait partie de moi, mais je pense que c’est l’Allemagne qui a fait de moi l’artiste que je suis aujourd’hui. Je n’aurais peut-être pas eu cette liberté et ce courage si j’étais resté au Cameroun ».
Dans son premier projet Rituals sorti en 2018, Steve aborde la question de l’exploration de soi : « nous devons chercher, essayer et ne pas avoir peur de ne pas être bons. Pour ma partc’est ce que je suis en train de faire. Peut-être que demain je n’aurai plus envie de chanter, mais j’assumerai à ce moment que peut-être ce n’est plus ce que j’ai envie de faire ». ‘Rituals lance un appel à prendre conscience de soi en « se présentant au monde afin que l’autre puisse également se chercher à travers nous ».

Steve Mekoudja revient en 2019 avec ‘Song of Freedom’ un hommage à tous les combattants pour la liberté du Cameroun. Le chant porte un message politique évoquant ainsi la question de la liberté au sein du pays, telle que le laisse entendre l’introduction : « nos ancêtres ont déjà payé le prix ».Pour l’artiste, « la démarche est cette fois différente » en comparaison à ‘Rituals’. Il s’agit désormais de « partir de l’autre pour se comprendre, comprendre comment en être arrivé là » souligne-t-il.  ‘Song of freedom’ est l’une des chansons les plus festives de son nouveau projet. Ce qui explique son choix de l’avoir porté à la connaissance du public en premier, par rapport à d’autres qu’il définit comme étant « assez dures ».

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L’artiste puise son inspiration de registres musicaux et genres littéraires divers et variés :« J’écris les chansons comme si j’écrivais un roman, avec des personnages qui me parlent ». Il cite parmi les grands nom,  James Baldwin pour son héritage, Nina Simone pour son authenticité, Chimamanda Ngozie Adichie pour la prose et son propos, ou encore Beyoncé pour sa discipline dans le travail et sa performance : « quand je parviens difficilement à réaliser quelque chose et que je la regarde je me dis que, si Beyonce peut faire ce travail là alors pourquoi pas moi ».

 

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