MERCI LE FESPACO !

Siège du Festival panafricain du cinéma et de la télévision à Ouagagougou (FESPACO) © Siegfried Forster / RFI

Quel est le dernier film africain que vous avez vu ? Réfléchissez et répondez honnêtement. Hormis ceux d’Afrique Anglophone, regardez-vous vraiment les films africains ? L’industrie patauge, a du mal à s’envoler. Elle a connu ses heures de gloire avec Sembène Ousmane ou encore Youssef Chahine, mais est depuis négligée. Combien de films ont connu le succès de quartier Mozart de Jean-Pierre Bekolo ou de bal-poussière de Henri Duparc? Ces films là qu’on regarde 20 ans plus tard avec enthousiasme. Combien d’entre nous sommes allés voir Timbuktu de Abderrahmane Sissako, pourtant primé au Festival de Cannes ? Là où sous d’autres cieux, l’industrie est couronnée de strass et paillettes, en Afrique francophone, elle peine à trouver sa place. Depuis 1969, année de sa création, les organisateurs du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO) tiennent bon. Tous les deux ans, ils réunissent le cinéma africain pour primer les plus méritants. C’est l’occasion de découvrir de nouveaux films, d’échanger des contacts mais surtout de se donner les moyens de redorer le blason d’une noble profession.

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La 25e édition débute ce 25 février au stade municipal à Ouagadougou. Le festival met à l’honneur cette année, la Côte d’Ivoire. 150 films seront en compétition pour plus de 950 sélectionnés. Ainsi, dans la catégorie “Films de la Diaspora”, on pourra regarder le très attendu Gang des antillais de Jean-Claude Barny. On pourra voir le dernier film d’Alain Gomis mais aussi découvrir des jeunes cinéastes comme Adama Roamba du Burkina Faso ou Brice Achille du Cameroun, seul en lice pour l’Afrique centrale dans la plus grande des catégories. Des colloques et des conférences seront organisées autour du thème « Formation et métiers du cinéma et de l’audiovisuel .» Vingt long métrages seront en compétition pour l’Étalon de Yennenga, la récompense suprême. Elle sera remise le 5 mars, lors de la cérémonie de clôture, au film qui succèdera à Fièvres de Hicham Ayouch, vainqueur en 2015. Le jury sera présidé par l’ancien Directeur du Centre cinématographique marocain Noureddine Saïl.

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Le grand absent, cette année, c’est le Nigéria, pourtant deuxième plus grand producteur de films au monde. Côté Afrique Anglophone, on retrouvera entre autres le vétéran Ghanéen Kwaw Ansah avec Praise the Lord Plus One et la jeune Ethiopienne Kinfe Banbu avec Fre.
Les sujets abordés par les films sont pour la plupart très sérieux comme Frontières d’Apolline Woye Traoré qui dénonce l’exploitation illégale des mines et les mauvaises pratiques du commerce transfrontalier. Les cinéastes africains utilisent leur art au service des revendications de leur société. Près de 100.000 spectateurs sont attendus dans les 9 salles où seront projetés les films. Comme quoi, le cinéma d’artiste a son public. A quand les projections dans les quelques villes africaines qui ont encore des cinémas, en dehors des festivals ? A quand le passage sur les chaînes de télévision locales ?On court à Ouaga du 25 février au 5 mars pour voir tous les films en programmation de peur que ce soit notre seule chance. Merci le FESPACO !

 

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