Paul Sika : « Je voulais qu’on ait l’impression d’aller au cinéma en regardant mes œuvres »

Paul Sika by Hugo Claveau

Spontané, humble, et inspiré. Voilà les trois qualicatifs qui nous ont séduit dès notre première rencontre avec cet artiste d’un nouveau genre. Son univers coloré et très scénarisé a attiré des centaines de personnes à la galerie Cécile Fakhoury, le 30 Novembre dernier à Abidjan. Il était donc évident pour nous, de partager avec vous ce coup de cœur artistique.
Chers lecteurs, découvrez Paul SIKA !

Alors, qui est Monsieur SIKA?
Je suis Paul SIKA, photographe. J’ai 27 ans et j’aime la culture mondiale. L’art dans son entièreté, peu importe sa provenance. J’aime la vie, et j’aime bien la vivre. Voilà en résumé ! (Rires).

 Raconte nous. Comment passe t-on d’ingénieur à photographe ?
L’appel de la vie, qui prône sur tout. À un certain moment, certaines passions ou talents, que vous possédez vous « appellent ». Il faut y être sensible et y répondre. J’avais déjà commencé mes études en génie logiciel lorsque j’ai été frappé par la bande annonce du film Matrix 2, qui a en fait révélé et cristallisé ma passion pour le cinéma, l’art, le conte et l’image. J’ai préféré suivre cet appel, au lieu de me restreindre dans un domaine dans lequel je n’allais pas nécessairement m’épanouir.

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Pourquoi avoir voulu rentrer à Abidjan alors que tu avais été accepté à la London School Of Communication ?  Ça a été le même processus que celui de mon changement d’orientation. Un appel. Je devais le faire, car je sentais que je devais le faire, sans vraiment savoir pourquoi. Lorsqu’on apprend à sentir les choses, se révèle une forme d’intelligence, bien plus profonde que le mode de réflexion logique que l’on nous enseigne à l’école.

Ton travail est à mi chemin entre photographie et peinture. Explique nous ta technique.

At the Heart of Me - At the Heart of Me (Paul Sika)
At the Heart of Me – At the Heart of Me (Paul Sika)

Influencé par le cinéma et le conte, tout ce que je produis est d’abord imaginé comme une histoire, qui est découpée en plusieurs mini étapes, qui sont ensuite mises en scène, et enfin photographiées. Après la photographie, il y’a une forme de peinture numérique qui est mise en place. La photo « traditionnelle » et la peinture numérique qui suivent sont donc indissociables à mon travail d’aujourd’hui.

En parlant de ton travail d’aujourd’hui. Comment en vient-on à mixer photographie et peinture ? Il fallait y penser quand même!
Je n’ai pas cherché dans un premier temps à mixer les deux arts, contrairement à ce qu’on pourrait croire. C’est la quête du beau qui m’a mené à cette manière de procéder. J’avais déjà une idée de comment j’envisageais mes œuvres : je les voulais photographiées, mais cinétiques. Je voulais recréer une histoire, un mouvement. Je voulais qu’on ait l’impression d’aller au cinéma en regardant mes œuvres.

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 Tes tableaux racontent tous une histoire. Quelle est l’histoire de « At the Heart Of Me » ?
At the Heart Of Me, se déroule le 14 Février. C’est l’histoire d’une jeune fille pleine de vertus, qui est à la quête de l’amour de sa vie. Elle est en pleine incertitude, car elle attend le bon. Celui qui correspondra à ses valeurs.

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Sainte Justice – At the Heart of Me ( Paul Sika)

Dans la photo « Sainte Justice », elle pose avec des armes. Que viennent chercher des armes dans une histoire d’amour ?
Sainte Justice est en lien avec l’évaluation des actes que posent les êtres vivants. C’est une sorte de grand jugement. Vous remarquerez sur la photo des symboles de la justice : les balances, les bonhommes qui représentent des policiers, etc.

Parle nous de l’appel de Lilian.

Il s’agit du titre de l’exposition de la nouvelle collection. Lilian est le personnage à la peau dorée qu’on voit avec un instrument de musique posé à côté de lui. Mais avant de vous raconter l’histoire de Lilian, je souhaite partager des notions fondamentales avec vous. La première notion est celle de «Yelen». Yelen est ce qui maintient et régule toute chose, de la plus petite à la plus grande. C’est en quelque sorte une entité qui organise le fonctionnement du monde et de ses espèces.
La deuxième notion est celle de «Paisley» (lire « péilé »). Les Yélénistes, ainsi appelés parce qu’ils aspirent à atteindre Paisley, définissent Paisley comme suit : « c’est ce qu’il y a de plus beau au monde ; Paisley, c’est quand on a toutes choses en bon nombre ». Ainsi, les personnages principaux de l’exposition sont des « Yélénistes », à la quête de Paisley. L’appel de Lilian est le dernier d’une série de 7 histoires dans cette nouvelle collection : Marmite Mousso, Mami Momi, La Barbe D’Alphabet, Dandelia, Puneu Puneu et Mister Tout-Mignon. Pour bien comprendre l’histoire de Lilian, il faut déjà comprendre son lien avec la première histoire, celle de Marmite Mousso.

Marmite Mousso - At the Heart of Me (Paul Sika)
Marmite Mousso – At the Heart of Me (Paul Sika)

Marmite Mousso est une jeune femme dont le peuple a été frappé par une soudaine famine et pauvreté. Se souvenant de Yélénistes passés, (qu’on voit dans les collections précédentes), elle décide donc d’atteindre elle aussi « Paisley », afin de trouver une solution concrète pour son peuple. Or dans ce monde, plus on se rapproche de Paisley, plus on subit des transformations. Certaines sont subtiles, d’autres non. C’est le cas de l’apparition de la marmite sur le corps de la jeune femme. Ces transformations sont en lien avec la personnalité et les aspirations profondes du yéléniste. Marmite Mousso elle, était une passionnée de cuisine.
Le personnage à gauche de Marmite Mousso s’appelle Mousse Man. Il va se rendre compte qu’au fil du temps, la présence de la jeune yéléniste transforme graduellement certaines pierres en pierres précieuses. Il s’agit cette fois-ci de la transformation subtile liée à l’avancée de Marmite Mousso vers Paisley. Ainsi, Mousse Man va s’accrocher à la jeune femme, imaginant là un moyen de devenir riche rapidement. Cette première histoire pose donc les bases de l’univers dans lequel on évolue dans cette collection.
Pour en revenir à Lilian, il s’agit d’un yéléniste royal. Royal, car il a réussi à atteindre Paisley. L’appel est ici rattaché à sa position de royauté yélénique. De manière simple, L’appel représente le mécanisme qui se met en place pour appeler des personnes vers Paisley.

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L’appel de Lilian – L’appel de Lilian (Paul Sika)

Après cette passionnante explication, on a forcément envie de te demander ce qui t’inspire…
(Rires) La vie et son fonctionnement en général. Contrairement à d’autres, ce ne sont pas forcément les grands photographes qui m’ont inspiré. Bien sûr, je connais quelques classiques comme Lachapelle ou Jean Paul Goude, mais mon inspiration vient réellement de diverses choses qui m’entourent. J’ai aussi été particulièrement influencé par le cinéma. Comme je l’ai expliqué, le déclic pour moi est vraiment parti du film Matrix. Mais il y’a aussi eu le théâtre africain, les mangas, les animés africains, comme le fameux Kimbo, et bien entendu, les jeux vidéos (Soul Calibur, Mortal Kom- bat, Zelda, Mario etc.) J’étais très fan de jeux à l’époque. Je le suis toujours d’ailleurs.

A quand la prochaine expo ?
Je n’ai pas encore fixé de date. Mais l’expo précédente a eu tellement de succès, qu’il se pourrait qu’elle revienne. Nous sommes en train de voir dans quelle mesure nous pouvons assurer cela.

 

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